Devant les journalistes de Kisangani, Me Firmin Yangambi, candidat à la présidentielle en RDC, a demandé, ce lundi 23 janvier 2023, au Docteur Denis Mukwege de restituer aux Occidentaux le Prix Nobel de la paix lui décerné en 2018.
Denis Mukwege, surnommé le Réparateur des femmes, est une des grandes figures dans la lutte contre l’impunité des crimes commis en RDC. Lui et Yangambi, leur point commun c’est cette lutte pour les Droits Humains. Les deux ont souvent demandé haut et fort l’installation d’un Tribunal pénal international pour la RDC, mettant en avant le rapport Mapping. Ils s’alignent aussi aux cotés des militants des droits humains et de la bonne gouvernance. Tous deux, citoyens d’un pays qui compte plus de six millions de personnes massacrées.
Cependant voyant la RDC
demeurer dans un cycle de violences et meurtre, Maitre Firmin Yangambi invite le célèbre gynécologue Mukwege a posé un acte mémorable en faveur de son pays. Cette invitation tombe pendant que le pays a éperdument besoin de la stabilité et enregistre des exactions dans sa partie Est. À l’en croire, la restitution du Prix Nobel de la Paix 2018 par Mukwege est un geste fort.
« Si le même Occident qui a décerné le Prix Nobel de la Paix à Mukwege voit le même Mukwege revenir dire : les viols toujours, les viols dans mon pays ; toujours de massacres dans mon pays ; le droit à la vie est bafoué ; ce Prix Nobel ne sert à rien, je vous le retourne. Qu’est-ce qu’il (Mukwege) perdra ? Je ne pense qu’il peut perdre quelque chose. Mais posez-vous la question qu’est-ce qu’on gagnera. En le restituant, il donnera un signal fort à la communauté internationale » a-t-il expliqué.
Pour Maitre Yangambi, ce prix Nobel est une opération trompe-œil de « l’Occident qui finance les armés des pays considérés comme participants à l’insécurité dans l’Est, notamment l’armée rwandaise. » Dans cette même optique, il accuse ce même Occident d’appliquer le droit international de manière sélectif.
« Les autres pays, sans fournir d’efforts, ils obtiennent la justice de la communauté internationale, mais nous, on nous donne rien. Il n’y a pas de justice internationale pour le pays mais on préfère nous donner un Prix Nobel de la paix. Et comme on est un peuple danseur, un peuple folklore, on nous donne un Prix Nobel de la paix », a-t-il dit.
Par ailleurs, l’ancien prisonnier politique a dressé un tableau sombre du combat de Denis Mukwege en tant que militant des droits humains. « Le cycle de guerre continue…Il faut être cohérent ! », a-t-il conclu.