Le Professeur Ordinaire Emile Bongeli Yeikelo Ya Ato a, ce samedi 19 août, appelé les intellectuels congolais à rédiger leurs thèses sur base de réalités congolaises.
L’actuel Secrétaire Général Chargé de la Recherche à l’Université de Kinshasa a, dans un entretien exclusif accordé à KIS24, joint des théories scientifiques à la colonisation, qui, selon lui, « sont des théories d’une mondialisation sous développante. »
Emile Bongeli est enseignant depuis plus de deux décennies aujourd’hui. En 2017, il a publié un livre intitulé « Émergence par la science, pour une recherche scientifique citoyenne au Congo-Kinshasa ». 7 ans après, il a encore réitéré son souhait de voir la science au service du développement de la nation congolaise. Celà part d’un constat dans la sphère scientifique : « Nous sommes en train de défendre des thèses écrites par les autres, » a-t-il laissé entendre.
« Les savants occidentaux ont travaillé pour leurs peuples. », dit-il. Pourtant, dans l’enseignement au Congo, les noms comme JJ Rousseaux, E Dürkheim, Karl Max, et autres chercheurs occidentaux reviennent du cycle d’orientation à l’enseignement supérieur. Pour le Professeur Bongeli, « nous avons continué à garder l’enseignement colonial ». Dans ses propos, il soutient que « le savant produit à partir des réalités de son pays. »
« On nous pompe des institutions, on nous pompe des modèles qui ne marchent pas […] Nous devons réfléchir autrement […] le colonisateur a créé des universités pour contrôler la formation des noirs , confirme-t-il, qui ne devaient pas dépasser un niveau.»
Des théories à revoir
« La plupart de théories de sciences économiques sont des théories Fausses, » dit-il lorsqu’il propose des théories à revoir. Pour lui, ce sont « des théories idéologiquement élaborées pour nous maintenir dans le sous-développement. »
Parmi ces théories, le Professeur Émile Bongeli cite : « Ricardo et les avantages comparatifs. » Il l’explique par cette analogie : « Si produire le riz à Opala coûte plus cher que l’importation du riz de l’Asie, alors cessez de produire le riz à Opala, importez le riz d’Asie. » Cette théorie « très dangereuse » semble gagnée de l’espace dans l’économie de la RDC qui est extravertie. Les ministres congolais se rendent en Zambie ou en Afrique du Sud pour négocier l’approvisionnement de maïs, par exemple.
« Nous sombrons dans la dépendance alimentaire. Nous négligeons nos paysans, nous envoyons l’argent pour enrichir les paysans d’ailleurs qui nous vendent le mauvais riz, et nous cessons de produire notre bon riz. Nous abandonnons les milieux villageois, les routes ne constituent pas la priorité, et les paysans viennent dans la vie. C’est ainsi que nous avons des villes ruralisées, » a-t-il énuméré comme conséquences de Ricardo et les avantages comparatifs.
Le Professeur a également parlé des théories de l’OHADA. Les experts de l’OHADA venus en RDC, à l’instar d’autres experts, ils le qualifient de « marabouts du développement. » « Ils nous apportent quoi ? » se demande-t-il. « Sommes-nous incapables de réfléchir nous-mêmes ? Nous avons nos cerveaux, que faisons-nous de nos cerveaux ? » Et contrairement à Karl Max qui affirme que l’infrastructure dépasse la superstructure, Bongeli contredit : « c’est la politique qui dirige le monde ».
Disciple de Mabika Kalanda, Bongeli propose « la remise en question de toutes les théories que nous avons apprises de l’Occident. Voir ce qui est bon pour nous et ce qui ne l’est pas. » Et martèle sur « la création de l’expertise nationale qui soit branchée sur les problèmes du pays. »
Un commentaire
C’est seulement aujourd’hui qu’il s’en rende compte !