Le nombre de personnes sinistrées qui ont besoin d’aide humanitaire en 2024 dans la province de la Tshopo est estimé à 1.053.000. Elles proviennent des populations touchées par le confilt foncier Intercommunautaire entre les Mbole et les Longola dans la commune Lubunga, à Kisangani, des inondations, des épidémies et de la malnutrition ainsi que des incidents majeurs notamment les naufrages à répétition sur le fleuve Congo.
C’est la Division provinciale des Actions humanitaires et Solidarité Nationale de la Tshopo qui a révélé ce chiffre par la bouche de son chef, Dr Elohim Antoine Lokangila Mukwala, au cours de la cérémonie de distribution de l’assistance humanitaire en vivres et non vivres aux 500 ménages sélectionnés par FONG Women of Fath (Femmes de Foi) le 13 février 2024 dans site des conférences de la Cathédrale Notre-Dame du Tres Saint Rosaire de l’archidiocèse de Kisangani, un don de l’Eglise de Jesus Christ des Saints des Dermers Jours (EJCSDJ) de Kinshasa.
Selon cette source officielle, dans la ville de Kisangani en particulier, 80.731 personnes sont des déplacés à la suite de ce conflit foncier intercommunautaire. Leurs statistiques se présentent comme suit 8769 déplacés sont hébergés au site de Konga-Konga dans la commune Kisangani, 8.509 ceux de la Paroisse Sainte Marthe et du Camp Colonel Lukusa dans la commune de Lubunga (rive gauche du fleuve Congo) et 2.519 dans celui de Ia paroisse Saint Gabriel de Simi-Simi dans la commune Makiso.
Encore faudra-t-il y ajouter 62.453 personnes déplacées qui sont dans les families d’accueil dans les zones de santé de Wania-Rukula, d’Ubundu, de Yakusu, de Bengamisa, de Yaleko, de Kabondo, de Tahopo de Mangobs, de Lubunga, etc.
Quant aux personnes touchées par les inondations à Kisangani, elles sont au nombre de 93.172, a renseigné la division des actions humanitaires et Solidarité nationale de la province de la Tshopo.
Un arrière-goût de détournement
La distribution de cette assistance humanitaire en vivres et non vivres, s’est faite en présence de la ministre provinciale de la Santé publique et Actions humanitaire et solidarite nationale, Mme Bernadette Furaha, de l’évêque auxiliaire de l’Archidiocèse de Kisangani, Mgr Léonard Ndjadi Djate, du Président du district de l’EJCSDJ de Kisangani, Honoré Amisa Alebaba et de la coordonnatrice de Women of Fath (femmes de foi), Mme Nadine Banze. Elle n’a concerné que 500 ménages sélectionnés par cette ONG ayant répondu aux critères ci-après : être une femme enceinte ou une femme allaitante, être une personne vivant avec handicap (PVH), être une personne de 3eme âge, etc.
Chaque ménage éligible a bénéficié de 25 kg de riz, 25 kg de farine de maïs, 15 kg de haricots, 5 kg de sucre, 5 kg de sel, 5 litres d’huile végétale, du savon pour la lessive et une pièce wax ainsi que 10 milles FC de transport.
Si l’ONG Women of Fath et l’Eglise de Jésus Christ des Saints des derniers jours se sont bombées les torses pour avoir venu en aide à des personnes en détresse, par contre, cette assistance humanitaire n’était que discriminatoire et dénouée de l’humanisme. Seule une poignée de bénéficiaires s’est présentée avec des colis (±90 kg) dans les sites. Leurs voisins qui sont dans les mêmes besoins n’ont fait que grincer des dents avec comme conséquences des remous, des frustrations et de la jalousie.
C’est le cas du site Konga-Konga où, environ 67 ménages seulement ont été servis, une goutte d’eau dans la mer pour la population de plus de 8.769 âmes. Selon la coordination de ce site des déplacés, l’ONG et l’église bienfaitrices ont mal procédé en ne tenant pas compte de la stratégie mise sur place. D’habitude, affirment ses membres, tous les dons sont mis ensemble et leur distribution se fait de façon équitable, selon la taille du ménage pour qu’il n’y ait pas des mécontents parmi les pensionnaires. Ils ont cité des œuvres du gouvernement provincial et des personnes de bonne volonté, notamment certains candidats députés nationaux et provinciaux avant et pendant la campagne électorale du 19 novembre au 18 décembre 2023.
Déception totale dans d’autres sites
La déception est en revanche totale dans les sites de Paroisse Sainte Marthe et du camp colonel Lukusa, de la commune de Lubunga, où pas un seul colis de cette assistance humanitaire en vivres et non vivres n’a atterri. Les déplacés affirment n’avoir pas été informés de cette cérémonie et n’avoir rien vu de cette aide.
Pourtant, des témoins soutiennent avoir vu des gens avec des colis traverser le fleuve Congo. Il s’agirait vraisemblablement des faux déplacés du conflit foncier de Lubunga, fruit des arrangements entre eux et les personnes chargées des opérations de sélection. Le soir, les sources affirment avoir vu un tricycle communément appelé « Moto Guzzi » embarquer une grande quantité de cette assistance humanitaire pour une destination inconnue. Or, pendant la distribution, chaque ménage éligible a reçu son colis avec 10 milles FC de frais de transport. Des fidèles de cette église et les membres de cette ONG sont soupçonnés d’être parmi les bénéficiaires alors qu’ils n’en sont pas éligibles.
En un mot, il y a un arrière-goût de détournement de l’assistance destinée à ceux qui manquent de tout et vivent dans des conditions inhumaines à cause de la barbarie humaine. D’ailleurs, leurs conditions de vie se sont sérieusement détériorées. La plupart d’entre eux se livrent à la mendicité devant les sites où dans les parcelles.
À ce sujet, Sauti ya Lubunga, forces vives de la société civile, par le truchement de son Président, Me Prince Héritier Isomela Abedi, a demandé qu’il soit diligenté des enquêtes sérieuses pour connaître la destination de ces colis et les auteurs de pareil acte dont sont victimes non seulement les déplacés hébergés aux sites de la Paroisse Sainte Marthe et camp Colonel Lukusa à Lubunga, mais également ceux de Konga-Konga et de Saint Gabriel à Simisimi, respectivement dans les communes Kisangani et Makiso.