La ferme de l’Union Sacrée étant toujours ouverte, les adhésions se succèdent et plusieurs bergers y entrent sans leurs troupeaux, dont les plus surprenants sont les caciques de l’ancien régime.
Après sa rencontre avec le chef de l’État, l’ancien porte-parole et ministre de communication et des médias sous Kabila, Lambert Mende Omalanga a annoncé en sourdine son adhésion à l’Union sacrée, dont le dossier fait objet de plusieurs titres de journaux parus depuis cette rencontre.
Cependant, la transhumance de plusieurs cadres de la famille politique de l’ancien Président Joseph Kabila, inquiète leurs bases, qui du reste, se sentent désintéressées par leurs leaders.
C’est le cas de l’Alliance CCU et Alliés de Lambert Mende Omalanga qui déplore l’unilatéralisme de ce dernier.
Dans une lettre adressée au leader de ce regroupement politique, dont une copie a été réservée à la presse, un cadre de l’Alliance CCU et Alliés a manifesté son regret envers leur autorité morale.
« …Honorable, je regrette que vous ayez fait adhérer notre parti contre notre propre volonté à l’Union Sacrée, surtout que vous m’aviez vous même rassuré le samedi passé que CCU et alliés ne va pas intégrer cette structure. L’acte que vous aviez posé fait partie de manque de culture politique en République Démocratique du Congo et l’UR ne peut pas adhérer à cet acte de trahison…»
Bien plus, ajoute-t-il :
« L’UR et moi, restons membre du FCC et sommes attachés à la seule vision du Président Joseph Kabila pour la RDC, notre autorité morale. Comme vous aviez choisi l’Union Sacrée, nous vous informons que désormais l’Union Républicaine ne fait plus partie de votre regroupement politique, CCU et alliés.»
Faut-il nécessairement adhérer à l’Union sacrée avec toute sa base?
Pas du tout! c’est ce qui se vit en réalité, cela étant une affaire personnelle, car l’appel du chef de l’État concernait des «personnalités les plus représentatives.» peut-on remarquer.
Les leaders peuvent ou ne pas prévenir leurs bases, leur participation seule suffit et sert d’une représentation pour le reste des membres du parti.
Du FCC-CASH à l’Union sacrée, tomber de Charybde à Scylla?
Si l’entrée myriade d’Acolytes de l’ancien président Joseph Kabila fait objet des chants glorieux par certains, il n’en est pas les cas chez les autres, ceux qui pensent que le président risque d’aller de mal en pis avec cette nouvelle coalition dont ils qualifient d’un véritable « retour à la case de départ.»
Pour d’autres, encore, l’adhésion de certains cadres ne constitue pas et ne constituera pas un blocage au chef de l’État, car estiment-ils, c’est le régime et non les figures de la kabilie qui étaient méchants, la plupart d’eux sont des bons conseillers.
Il faut retenir que c’est après les consultations à tour de rôle du président Félix Antoine TSHISEKEDI aux différentes personnalités politco-sociales et qu’il s’était décidé ensuite de mettre fin à la coalition FCC-CACH en vue de l’Union sacrée pour la nation, que plusieurs cadres de l’opposition comme de la majorité de l’ancien régime se sont vus emporté par ses délices.
L’Union Sacrée en ballottage
Face à un revirement spectaculaire, cette nouvelle gouvernance en cours de mise au pays semble ballotter. Les anciens proches de Tshisekedi dont Bemba et Katumbi multiplient des contacts au tour du président au bénéfice des différents postes stratégiques issus de l’Union Sacrée.
D’après nos sources, Katumbi veut que la présidence de l’Assemblée nationale revienne à son « Ensemble pour le changement » pendant que le président du MLC s’attire vers la primature.
Cependant, Tshisekedi a déjà ses propres choix et campe sur la décision.
Selon d’autres sources concordantes, le président de la République veut son informateur Bahati Lukwebo à la tête de la primature et prévoit un certain Jean-Pierre Lihau, fils de Lihau , l’un des fondateurs de l’UDPS, cité par Politico.cd
Au tour des postes et face à des adhésions « nocives », les violons ne sont pas toujours accordés entre les trois personnalités très proches depuis Genève en 2016, faisant une véritable muraille de l’opposition à Kabila qui voulait poursuivre ses 18 ans de règne.
La dernière rencontre entre Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba se serait soldée à queue de poisson, affirme-t-on.
Au pays, nombreux sont ceux qui demeurent sceptiques face à la réussite tant attendue de ce retournement politique, parceque, expliquent-ils, l’on assiste à des adhésions « charmeuses »
« Transhumance politique : les animaux politiques se déplacent vers de nouveaux pâturages abondants et verdoyants. Et comme c’est saisonnier, les mêmes bêtes se déplaceront continuellement pour assouvir leurs besoins alimentaires…» commente Bily Bolakonga, professeur et analyste politique indépendant.
«La fissure de l’Union Sacrée est prévisible…»indiquent d’autres.
Serge SINDANI et Gratius WANDJA