Alors qu’un calme précaire s’observait déjà entre les deux communautés, dans la commune Urbano-rurale de Lubunga, sur la rive gauche du fleuve Congo, à Kisangani, les Mbole et les Lengola n’ont pas encore décidé de fumer le calumet de paix.
Depuis lundi, à ce mercredi 03 mai 2023, les tensions et violences intercommunautaires ont dégénéré et ne ciblent plus les deux peuples. Des morts par-ci, des blessés par-là, des déplacés comptés, les récits sont atroces à Lubunga. Ce mardi, l’on a enregistré des morts difficiles à compter, cependant plusieurs sources parle de plus de sept tués.
Des images montrent un décapité, un corps brûlé, un découpé à la machette, des maisons brûlées, des disparus et des kidnappés libérés après la rançon. Ce mercredi matin, la tension monte encore. Un observateur de KIS24, d’une voix tremblante et enfermé dans la maison, confirme la circulation des hommes nus dans plusieurs avenues de la commune. Ces derniers sont munis « des armes blanches et des armes à feu », explique-t-il.
Par ailleurs, des jeunes du groupe Lubunga Rail, au niveau du rond-point Koroto, allant vers Ubundu, exigent à tout passager des cartes d’identité. Ils ont perdu un de leur, Issa Force, un revendeur du carburant. Et manifestent déjà leur colère. Le regretté Issa Force, qui serait Lengola, a été tué dans sa cabine vers la rivière Lobonga, par des présumés Lengola , a-t-on appris mardi soir.
Le corps de Issa Force gisait au sol jusqu’à ce matin, renseigne notre source. Ce matin, son corps, a fait objet des disputes entre ses frères, voulant le récupérer, d’autres du côté Lobonga, ses présumés tueurs. Un blessé par balle est présentement signalé. Et le corps de Issa Force a été mis sous le feu.
Pas de pirogues qui traversent le fleuve Congo ce matin. La terreur est visible. Aucun salut n’est envisagé en ce moment. Des personnes fuient dans tous les sens. Ce qui suscite la réaction de certains leaders de la Tshopo. Maître Firmin Yangambi, par exemple.
« Nous lançons un appel ému à nos deux communautés sœurs qui s’entretuent pour un lopin de terre. Ce n’est pas notre culture. La Tshopo a de la terre pour chacun de ses enfants. Arrêtons de nous battre et venons échanger sous l’arbre à palabres.» a-t-il écrit sur Twitter.
Si les interventions sécuritaires ne sont pas encore signalées, un notable préconise l’implication de toutes les classes – Politiques, intellectuelles, coutumières,..- afin de maîtriser la situation. En intégralité le message de Papa Bongeli.
Mes Chers Enfants,
Grande est ma surprise de voir toute l’élite politico-intellectuelle de la Tshopo rester indifférente face aux carnages qui se déroulent à ciel ouvert, aujourd’hui en pleine ville de Kisangani.
Tous se contentent de condamner l’irresponsabilité des autorités provinciales, non sans raison. Cependant, en s’apaisant dans cette responsabilisation des autres, vous vous déculpabilisez et gardez vos consciences tranquilles, alors que, dans l’entretemps, vos frères et sœurs s’entretuent, à présent sous vos yeux. Vous n’arrivez même pas à imaginer les conséquences d’une éventuelle extension du conflit sur l’ensemble de la Tshopo qui n’a jamais vécu pareils événements depuis toujours.
Je note que vous serez tenus responsables, Chères Élites de la Tshopo, de effets collatéraux de ces carnages, tant votre indifférence, en tant qu’intellectuels et fils du terroir, vaut irresponsabilité coupable et frise inconscience, voire cynisme.
Je vois les discussions dans différents groupes, tout va bien comme si rien d’anormal ne se passe aux villages et au chef-lieu de la province.
Le phénomène Kamuina Nsapu au Kasai Occidental était parti d’un petit feu allumé par un individu, fut-il chef coutumier, qui avait des problèmes personnels à résoudre.
Excusez-moi, mes chers enfants, de vous inviter à prendre vos responsabilités, en tant qu’élites et fils du terroir, face à la faillite de l’Etat, pour mettre fin à cette situation et ramener la paix entre les Walengola et les Bambole qui ont toujours vécu en harmonie depuis des temps immémoriaux.
Je vous en supplie.
Dossier à suivre !