C’est épouvantable, le récit du viol collectif de Maman Losaka Liyonga dit « Moseka » !
Voix peu triste, l’étrange infortunée, violée par huit (8) hommes en uniforme (militaires) dans la commune de Lubunga, un certain dimanche le 16 août 2020, témoigne de sa survie face à l’horreur qui gagnait petitement son âme. Épuisée, démoralisée et accablée, elle ne croyait plus à une possible survie. 48 ans, Maman Moseka, comme l’on aime l’appeler, est une femme mariée et mère de quatre (4) enfants. Mais, son mari a quitté le foyer, laissant sa progéniture à la merci de la nature.
Moseka vient de surmonter une étape affreuse qui allait coûter toute sa vie. «J’ai été bloquée par un groupe d’hommes armés, ils étaient à 8, tous m’ont violé. Ils m’ont d’abord emmené dans la brousse », raconte-t-elle froidement à KIS24.
Un spectacle désolant
« Après m’avoir violée, tour à tour, ces soldats m’ont délaissée au triste sort. Je ne pouvais plus parler. Des mamans qui passaient à la route m’ont trouvé dans la forêt, très affaiblie. Elles m’ont pris pour le camp Lukusa à l’hôpital de la place », relate cette survivante.
Découragée de la vie, Maman Moseka a fait face d’une souffrance accrue. Elle ne pouvait rien. Au lendemain du viol, l’on décide son transfèrement vers l’hôpital Prince Alwalid, une structure sanitaire contiguë de l’HGR, dans la commune Makiso, en plein cœur de Kisangani.
« J’ai fait ici un mois, souffrante. Ça n’a pas suffit, on a pas réussi à faire retourner ma matrice. D’ici, on va me transférer à l’hôpital Sans Risque, ici, tout à marcher, mais, je suis restée avec trop de soucis et raisonnements négatifs. J’ai vraiment souffert », poursuit Moseka.
Prise en charge par Afia Mama
Pionnière dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes et jeunes filles dans la Tshopo, l’Asbl Afia Mama, ayant été saisie de l’affaire, n’a pas hésité un seul instant pour apporter du bien-être à cette pauvre victime. Pendant plus d’un an, Moseka a reçu un accompagnement tous azimuts sur le plan médical, psychologique, socioéconomique, juridique et judiciaire.
« J’ai appris qu’il y avait ici Afia Mama. J’ai pris le courage d’y aller. On m’a bien accueilli et j’ai été retourné à l’hôpital vers la Sotexki pendant six mois, à leur propre charge. Il y avait un psychologue qui me conseillait chaque jour. Dans ma tête, j’étais déjà folle », explique Moseka qui affirme avoir été formée, tout de même, à l’autonomisation féminine.
Une dignité rétablie
Lundi 12 décembre 2022, est une date inoubliable pour Moseka qui célèbre sa dignité. Elle a de l’euphorie à la figure et se sent encore utile dans la communauté. Il s’agit d’une journée de sa réinsertion sociale après cet accompagnement qu’elle a reçu pendant plus d’un an. À l’occasion, Afia Mama dote cette heureuse survivante d’un grand porc (cochon) pour l’élevage. Aussi, un sac de maïs et un bidon d’huile. Une façon particulière de célébrer la fin de la campagne 16 jours d’activisme contre les violations basées sur le genre.
« Pour clôturer les 16 jours d’activisme, Afia Mama a pensé réinséré Madame Moseka. Nous l’avons accueilli suite aux violences qu’elle avait subi et aujourd’hui après tout ce que nous avons fait pour elle, nous avons pensé la réinsérer au sein de la société qu’elle puisse faire ses activités comme d’habitude », circonscrit le chef de Bureau Afia Mama dans la Tshopo, M. John Kalume.
Dans la foulée, Moseka veut voir ses bourreaux, qu’elle ignore encore, être arrêtés. À en croire Me Héritier Omondo, chargé des questions juridiques à Afia Mama Tshopo, son dossier est actuellement à la cour militaire. La survivante a été accompagnée dans toutes les étapes. « On attend que la cour militaire se prononce », confie-t-il à KIS24.
Il sied de noter que les cas de violences sexuelles font rage dans les milieux ruraux périphériques de la ville de Kisangani et plus loin dans les territoires. Afia Mama qui met en œuvre le projet violence faite à la femme et la jeune fille, sous l’appui financier de l’ambassade des Pays-Bas, est sur le coup. Cette Asbl est initiatrice d’une proposition d’édit visant la lutte contre les violences sexuelles et la promotion des droits d’accès à la justice dans la Tshopo. Cet édit a été récemment adopté par l’Assemblée provinciale au cours de la plénière du 29 novembre 2022 et est transmis à l’autorité provinciale pour promulgation.
Un commentaire
On a hypothèquer son droit de la confidentialité de la victime.
Toutes les victimes de violences de tout genre ne sont pas autorisées de les exposer en public.
Peut-être par un consentement éclairé ou dans le cadre de parrainage de partage des expériences, on peut admettre.
Au cas contraire, c’est inacceptable franchement et abberant.
Ainsi, on a violé une fois de plus son droit…par rapport aux principes humanitaires.