Renforcer l’autonomisation des agriculteurs et la sécurité alimentaire par le biais d’un Champ École Paysan (CEP) dans le paysage de Yangambi, en province de la Tshopo, est le leitmotiv d’une série d’ateliers sur la gouvernance de l’agrofosterie qui a été amorcée le 28 juin 2023 par le CIFOR-ICRAF à la faculté des sciences de l’Université de Kisangani.
Il est question d’outiller les représentants des dizaines d’associations paysannes œuvrant dans le paysage de Yangambi sous l’accompagnement de CIFOR-ICRAF dans le cadre des projets de développement local notamment par des Champs Écoles Paysans (CEP). Plusieurs panelistes ont, sous la modération de Fai Collins, facilitateur terrain CIFOR sur le paysage de Yangambi, défilé devant les participants.
« Un Champ École Paysan (CEP) est un groupe d’agriculteurs ayant un intérêt commun qui apprennent et créent des connaissances et des approches ensemble sur des sujets spécifiques, dans le but de résoudre les contraintes de production ou de créer des innovations », a expliqué devant les participants, Me Yves Agwamba, consultant CIFOR.
À l’en croire, dans sa mise en œuvre dans le paysage de Yangambi, le processus est en train de se mettre en place. La première étape a consisté à former le personnel junior du CIFOR au champ école paysan, CEP. Cette formation est assurée de manière continue par l’expert en CEP Julianus Suleman.
En suite, 25 CEP ont été établis dans le paysage et la formation a commencé. Ces CEP ont été établis sur la base d’une campagne de sensibilisation fondée sur le consentement libre, préalable et informé (CLIP). Les membres des CEP sont des agriculteurs volontaires qui veulent essayer et réussir dans leurs activités agricoles. Lors du choix des membres, la question de la représentativité des ménages, des femmes et des jeunes est primordiale. Le niveau d’éducation n’a que peu d’importance.
Ensuite, le CEP a sélectionné les facilitateurs locaux. Quant aux facilitateurs locaux, ils doivent savoir lire et écrire, être plus ou moins jeunes: 25-45 ans, et surtout être disponibles. Ces points focaux seront formés par le projet. Ils assureront la liaison permanente entre le Projet et les CEP créés. Leur formation s’étalera sur toute la saison et sera pratique.
Pour le participant Ir. Matangabo Ambroise, chef de station de l’INERA Ekama qui a au-moins 122 étangs piscicoles, ces formations sont un coup de pouce nécessaire pour son association afin d’assurer la sécurité alimentaire des miliers d’habitants du village.
« Nous avons des étangs d’un hectare, d’autres mêmes de six hectares, etc. En 2020, nos étangs ne fonctionnaient pas, ils ont été envahi par les herbes et des gros arbres. Nous n’avions plus de moyens pour les réactiver. Nous avons appelé les jeunes pour mettre en place une association des pisciculteurs pour renouveler ces étangs. Aujourd’hui, nous avons douze étangs. CIFOR nous a donné des alevins et aujourd’hui, il continue de nous former sur l’élevage des poisons. Ici, on nous apprend comment multiplier les poisons sur place dans nos propres étangs à lieu et place d’aller demander les alevins ailleurs », a-t-il expliqué.
À en croire le CIFOR, chaque champ école paysan comptera 30 membres. Au total, ce processus devrait toucher 750 ménages. « Le CEP en tant qu’école ne travaillera pas dans une salle de classe mais dans un champ. Chaque CEP disposera d’une parcelle ou d’un champ d’étude et, si possible, d’un champ commercial pour mettre en pratique les meilleures approches apprises dans le champ d’étude », a renchéri Yves Agwamba.
À lui d’ajouter que par le biais d’études de cas ou d’études comparatives, ils apprendront les meilleures pratiques agricoles, comment améliorer la fertilité des sols, comment lutter contre les ravageurs et les maladies, et comment récolter et conserver les meilleures semences.
À la fin de ce processus, les membres les plus réguliers du CEP recevront un certificat attestant qu’ils ont évolué dans un CEP. Outre la participation régulière au CEP, l’impact que les membres du CEP ont eu sur leurs communautés sera également évalué.
En outre, les membres du CEP seront capacités en entrepreneuriat. Celà leur permettra, si possible, de former des associations pour vendre leurs produits, en particulier à Kisangani.