« GenoCost », c’est un événement, quasi-inconnu autrefois dans les rues de Kisangani qui a créé sensation et émoi, ce mercredi 02 août, au niveau de la Poste. En cette date, la RDC commémore la journée nationale d’hommage aux victimes du génocide des gains économiques dans l’Est du pays.
À 10 h, débarque à l’esplanade de la poste une moto triporteur transportant des images effroyables. Il s’agit des photos imprimées qui relatent la douloureuse histoire vécue par les populations dans des régions en proie de l’insécurité. Ceux qui se succèdent devant les différents tableaux sont épris de frayeur, la colère, le chagrin ou encore l’affliction, chacun a été implorant. Ce qu’ils voient circuler dans les réseaux sociaux, ils se rendent, d’un tableau à un autre, que c’est le quotidien des Congolais en Ituri, au Nord-Kivu et ailleurs.
Les uns se sont abandonnés à Dieu, d’autres se sont pris aux autorités politico-administratives du pays. « Nous ne savons plus pourquoi nous votons, déclare un citoyen sur place. Son émotion est déjà vive : « Regardez cette photo, un bébé, qu’a-t-il fait pour subir ce traitement ? Que ceux qui nous tuent sachent qu’ils mourront un jour ! Nous votons pour avoir de solutions pour ce genre de cas, », hausse-t-il, ensuite.
L’esplanade de la poste n’a pas séché. De 18 h à 20 h, des militants des mouvements citoyens, des politiques, des étudiants, des artistes, des taximans et bien d’autres passants, ont allumé des bougies pour le Congo. Comme lors d’une tribune d’expression populaire, ces citoyens, réclamant la justice, se sont exprimés contre le Rwanda, l’Ouganda, et d’autres qui endeuillent le Congo depuis plus de deux décennies. GenoCost a été aussi un moment de révolution et de prise de conscience.
Peter Tetunabu, dit Lumumba, s’adressant à ses pairs, a déclaré qu’ils sont « la jeunesse du pouvoir du Congo. » Il a, dans ses propos, dénoncé « l’anesthésie que se sont injectés les Congolais face à l’insécurité dans l’Est du pays. » « Faisons entendre nos voix jusqu’à l’extérieur du continent. Que l’on sache que la jeunesse réclame la justice, » a, à son tour, demandé Sédar Kalaki. Maitre Byambe Michel, un sosie de Lumumba, a, dans ses propos appelé les Congolais à la « reconstruction de l’Unité nationale. » « Nous sommes un peuple divisé à cause du tribalisme. Disons ensemble Non au tribalisme. »
« La vérité est têtue » a laissé entendre Claudine Bela. « Nous voudrons à ce que nos frères et sœurs qui sont tombés puissent recouvrer la justice. Il est de notre responsabilité que la vraie justice soit rendue » a-t-elle dit. Josh Lutho est artiste. Bien que présente ce jour du Genocost, elle pense que « le pays peut compter sur les artistes. » Cependant sa désolation : « Malheureusement, ce pays tourne le dos aux artistes, à tout ce qui est art et culture. » Pour elle, « sur scène, les artistes disent haut ce que les gens disent bas. » Et elle croit que Kagame seul ne peut rien face à Tshisekedi. C’est parce qu’il y a la communauté internationale derrière lui. »
Jedidia Mabela lui a constaté que la RDC est devenue « fertile à la guerre. » « On voyait la guerre dans l’Est, mais aujourd’hui, c’est partout dans le pays, » a-t-il expliqué. À son tour, Jean de Dieu Kilima a insisté sur la création d’un tribunal pénal international pour le Congo. « On peut encore réclamer afin que le Président puisse écrire une seule page aux Nations Unies pour un tribunal pénal international, » veut-il. Genocost est une action réussie à Kisangani, a constaté Zacharie Kingomba, « car il y a certaines personnes, c’est en arrivant ici qu’elles se rendent compte qu’on tue les gens au pays. »