La République démocratique du Congo se prépare à vivre un scrutin historique le 20 décembre 20 23, avec la tenue des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales. Parmi les milliers de candidats qui briguent un siège au Parlement, on remarque une forte présence de jeunes, issus de différents partis politiques ou de la société civile.
Selon la liste provisoire publiée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), plus de 30% des postulants aux législatives ont moins de 35 ans. Ce phénomène témoigne d’une volonté de renouvellement de la classe politique, mais aussi d’un désir d’implication des jeunes dans la gestion des affaires publiques. Mais est-ce vraiment le meilleur moyen pour eux de contribuer au développement du pays? Quid de la participation des jeunes !
Il faut reconnaître que la participation des jeunes à la vie politique est une bonne chose en soi pour ceux qui le souhaitent, car elle permet de diversifier les opinions, les idées et les projets au sein du Parlement. Elle peut aussi favoriser l’émergence de nouvelles élites, capables de répondre aux défis actuels et futurs de la RDC. Cependant, il faut aussi se poser la question de la pertinence et de la faisabilité des candidatures des jeunes aux législatives.
En effet, il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions pour être un bon député. Il faut aussi avoir des compétences, une expérience et une vision stratégique. Or, on peut douter que tous les jeunes candidats réunissent ces qualités, surtout dans un contexte politique complexe et instable.
Les partis politiques devaient réfléchir autrement?
Par ailleurs, il faut aussi s’interroger sur le coût et le financement des campagnes électorales des jeunes candidats. Selon le calendrier électoral publié par la CENI, chaque candidat aux législatives doit verser une caution de 5000 dollars américains, soit environ 4 millions de francs congolais. Ce montant est très élevé pour la majorité des Congolais, qui vivent avec moins de 2 dollars par jour. Comment Ies jeunes candidats vont-ils réunir cette somme ? Quelles sont leurs sources de revenus? Quelles sont leurs garanties en cas d’échec ? Autant de questions qui restent sans réponse.
Enfin, il faut aussi se demander si les jeunes candidats ne se privent pas d’une autre opportunité en se lançant dans la course aux législatives. En effet, avec 5000 dollars, on peut faire beaucoup de choses dans le domaine de l’entrepreneuriat. On peut créer ou développer une entreprise, innover dans un secteur porteur, créer des emplois, générer des revenus, contribuer à la croissance économique d u pays… Bref, on peut avoir un impact positif sur la société, sans passer par la politique. D’ailleurs, il existe de nombreuses formations dans le domaine de l’entrepreneuriat qui peuvent aider les jeunes à acquérir les compétences nécessaires pour mener à bien leurs projets.
Jeunesse face aux destins
Ainsi, on peut se demander si les jeunes candidats aux législatives ne font pas un pari risqué ou une opportunité manquée. Peut-être que leur parti politique aurait mieux fait d’investir dans leur formation dans le domaine de l’entrepreneuriat, plutôt que dans leur campagne électorale. Peut-être qu’ils aur aient pu avoir plus d’impact en tant qu’entrepreneurs qu’en tant que députés. Peut-être qu’ils auraient pu être plus heureux et plus épanouis en réalisant leurs rêves plutôt qu’en suivant ceux des autres.
Peut-être qu’ils auraient pu changer le pays autrement…