La campagne électorale se referme le 18 décembre en RDC. Des candidats accentuent leur présence sur le terrain. Des moyens sont mis en jeu à tous les niveaux. Entre candidats et bases électorales, l’unificateur c’est l’argent. La somme donnée à chaque individu ne dépasse pas dix mille FC. Elle est désignée comme une restitution transport ou d’énergie.
Plusieurs citoyens avertis considèrent cela comme « le monnayage des votes » et s’y opposent. Malgré cela, il s’agit d’une pratique enracinée dans la société congolaise. Même les députés provinciaux, pour élire un Gouverneur, l’argent l’emporte souvent sur l’offre politique des candidats. « En 2018, mes collègues me l’ont fait comprendre, » a témoigné Jean Bamanisa.
Mercantilisme en politique
Jean Bamanisa a été élu député provincial en 2018 avec plus de trente-trois mille voix et était prétendant candidat gouverneur de la Tshopo. « Je n’allais pas avoir leurs voix, sauf s’il y avait beaucoup de moyens, » a indiqué Jean Bamanisa Saidi, le 23 novembre 2023 lors d’un point de presse tenu à Kisangani.
Hormis des sommes proposées pendant la campagne, Jedidia Mabela soulève un autre facteur : le tribalisme. L’argent et le tribalisme, à l’en croire, sont « des considérations subjectives avec comme conséquence, la situation continue à se dégrader. » Ce militant des droits humains a constaté : « Après chaque cycle électoral, la situation se dégrade, parce que nous votons ceux qui nous donnent de l’argent. » Dans sa réflexion, il considère les politiciens comme « Les commerçants les plus mercantiles de l’histoire, ils cherchent à gagner au centuple. »
L’exception de Maindo
Dans quelques jours, la 4e législature va commencer. L’argent et les votes riment toujours. M Mabela accuse « la population qui pense que les élections c’est un moment où elle doit gagner les miettes pour élire. » Mais le Professeur Alphonse Maindo, opposé au regime Tshisekedi, pense autrement. Faisant un pas dans l’histoire du pays, il rappelle le cas de Ramazani Shadari, dauphin politique de l’ancien Président Josephe Kabila. Le n 13 à la présidentielle de 2018 a investi des moyens financiers pharamineux pour sa campagne.
« Il faut savoir que le peuple congolais n’est pas quelqu’un qui est attaché à la corruption. Shadari aurait emporté haut la main l’élection présidentielle. Les gens ont voté l’homme qu’ils estimaient être celui qui incarnait le changement qu’on voulait avoir dans ce pays, » a prouvé le Professeur le 2 décembre 2023, lors du lancement de sa campagne éléctorale.
Ramazani Shadari, populaire en 2018, n’a jamais été élu Président de la République. Il a été devancé par Martin Fayulu et Felix Tshisekedi. « Les élections les plus contestées et les plus contestables » a ainsi décrit Jedidia Mabela quand il parle des votes de 2018. Si d’une part, le Professeur Maindo souligne « le vol de la victoire du peuple », d’autre part, il rassure : « le peuple congolais connait son intérêt et il votera utile. »
Une reforme
Depuis sa triste expérience de 2018, Jean Bamanisa a changé de paradigme. Il soutient désormais « la désignation des Gouverneurs par le Chef de l’Etat. » Cela pour éviter « les élections sur base de l’argent. » Une idée que partage Jedidia Mabela, cependant avec divergence. « Même quand ils seraient nommés par le Président, ils se sentiraient redevables au Président, » a-t-il laissé entendre.
Le meilleur pour cet activiste des droits humains, c’est « Renforcer la redevabilité des gouverneurs envers les gouvernants. » En outre, que la population vote les Gouverneurs de provinces et non plus les députés provinciaux. Cette réforme présente deux avantages, selon Mabela : « des gouverneurs véritablement légitimes, les gouverneurs ne seront plus redevables aux députés provinciaux. »
« Décider de la nomination des Gouverneurs de provinces par le Président, c’est renforcé encore le pouvoir du Président, ça nous amène vers un recule démocratique. Plutôt que de reculer, il faut renforcer la démocratie en donnant au peuple la possibilité de voter lui-même les Gouverneurs, » croit Jedidia Mabela.
Des acteurs de la révolution
« Il faut un changement de mentalité, » souhaite Mabela. Si la réforme a comme chemin le parlement, le besoin d’une éducation électorale reste à combler. Ainsi, la famille, les églises, les organisations de la société civile, il les considère comme vectrices de l’éducation électorale.
« La famille est l’unité de base de la socialisation politique. C’est dans la famille que les ainés sociaux doivent jouer leur rôle de montrer la voie aux cadets sociaux. La culture de l’intérêt général, le patriotisme, la responsabilité qui découle de l’amour de la patrie, sont des valeurs qui doivent s’apprendre au niveau de nos familles. »
Le Prof Maindo a, lors du lancement de sa campagne électorale, invité la population à « être vigilante » pour que les candidats élus soient proclamés gagnants. Jedidia Mabela qui réitère cet appel, pense à la responsabilité civique. En outre, exprimer son vote, pour que la CENI le considère.
Le vote est programmé ce 20 décembre 2023. Plus de 40 mille Congolais vont voter le Président de la République, les Députés Nationaux et Provinciaux ainsi que les conseillers municipaux. En 2024, les Bourgmestres des communes et leurs vices, les maires et leurs adjoints, les Gouverneurs des provinces seront votés par suffrage indirect.