Une question/réflexion me taraude l’esprit depuis quelques semaines et j’aimerai la poser ce matin en toute franchise dans les fora du Maniema, de la Tshopo, du Kwilu, du Kwango et du Nord-Kivu dont je suis membre :
Avec cette décentralisation/découpage entamée en 2006, sommes-nous sûrs que nos exécutifs provinciaux sous le contrôle des assemblées provinciales y afférentes peuvent apporter des solutions qui rencontrent les attentes de nos populations?
Après 2006, 2011, 2018, les instabilités dans les rapports exécutifs-chambres en province, l’inapplicabilité de la retenue à la source et de la caisse de péréquation ainsi que l’incapacité de mobilisations des ressources propres des provinces ont rendu de plus en plus chimérique l’approche de développement qui partirait de la base au sommet. On assiste à une succession des gouverneurs qui viennent et partent les uns après les autres sans vraiment impacter ni poser des jalons réels de développement. Ils se masturbent l’esprit pour se donner bonne conscience mais tous ont un bilan similaire: catastrophique! Un seul audit sérieux les foutrait tous en prison, sans exception. Même dans le fameux Lualaba tant vanté, il y a plus du cosmétique que du vrai.
Les dernières élections municipales de 2023, vont (nous le savons tous), en plus d’alourdir le fonctionnement des ETD et d’augmenter les charges de l’Etat, créer plus de problèmes qu’elles ne les solutionneront.
Franchement, je ne vois pas comment un exécutif de la Tshopo, du Maniema, du Kwilu, du Kwango ou du Nord-Kivu, quelle que soit la bonne volonté de ses animateurs et leur expertise/expérience, peut, dans le contexte des 5 prochaines années, induire ne fût-ce qu’un début de développement dans ces espaces remplis des germes des conflits et où chaque gouverneur tient à effacer les jalons de son prédécesseur et essaie de réinventer la roue.
Les gouverneurs des provinces sont réduits à des caisses de résonnance et au rôle servile des préposés sous tutelle du ministre en charge de l’intérieur qui, de manière atypique, les gère.
Les Gouverneurs n’ont jamais eu les moyens de leur politique depuis 2006.
Le pouvoir central n’a jamais lâché les provinces à vrai dire. Il les tient toujours en laisse.
Les élections des gouverneurs sont devenues une course où des étalons se mesurent par leur aptitude à corrompre. Puis, s’en suit un jeu de ping-pong dans lequel les assemblées se réduisent à des chambres noires où siègent des « maitres- chanteurs » brandissant au passage l’épée de la destitution par motion et tirant profit de cette situation. Les régies financières provinciales sont des boutiques des gouverneurs et j’en passe…
Était-ce cela la ratio legis qui animait le constituant de 2005 ?
Allons-nous dans la bonne direction en termes de gouvernance des provinces ou nous dirigeons-nous droit vers un mur ?
Ne nous faut-il pas des États généraux de la décentralisation avant d’avancer en tâtonnant et en sachant que les mêmes causes produiront les mêmes effets?