Dans une lettre ouverte datée du 28 décembre dernier et rendu public ce mercredi 13 Janvier à travers la presse, 5 mouvements citoyens oeuvrant dans la Tshopo saisissent l’attention du président de la République Félix Tshisekedi sur ce qu’ils qualifient de la gestion « kakistocratique » et « désastreuse » de la province, et ce, depuis la naissance, le vote et l’évolution agitée de la motion de censure contre le gouvernement provincial, sur l’initiative de l’un des députés provinciaux. Un bras de fer politique dont aucun n’en sait issue sous la bénédiction des dérives dictatoriales observées.
«C’est avec un cœur meurtri et un sentiment de profonde tristesse que nous, les mouvements citoyens œuvrant dans la Province de la Tshopo, avons levé l’option de nous adresser à vous ce jour, en vue de vous faire part de l’indignation de la population de la Tshopo face à l’inattention dont notre Province est victime de la part du pouvoir central.» soulignent Filimbi, Bomoko, MISS/RDC, Mpo na Ekolo et parlement Debout/RDC.
En effet, souligne-t-on, « la Province de la Tshopo traverse l’une des plus sombres périodes de son histoire et l’une des plus longues crises jamais vécue depuis l’avènement de notre jeune Province et même depuis l’histoire de ce pays ; Pour cause, le refus par l’exécutif Provincial de rendre le tablier à l’issue du vote par les députés provinciaux de la motion de censure en date du 25 Juin 2020, suivi 4 jours après de la mise en accusation du Gouverneur de Province et de ses deux Ministres Provinciaux, en l’occurrence celui des Infrastructures et Travaux publics ainsi que celui des Finances et dernièrement, soit en date du 09 Décembre dernier, le rejet du projet d’édit budgétaire exercice 2021 par l’Assemblée Provinciale. »
Kis24.info exploite l’intégralité de cette lettre ouverte dont le contenu n’engage sa rédaction.
Du Bras de fer Walle-Bokungu
Excellence, ce bras de fer entre l’Assemblée Provinciale et l’exécutif (émanation de celle-ci), qui continue de persister 6 mois durant sous votre Nez, devient de plus en plus insupportable pour vos concitoyens qui vivent dans la Province de la Tshopo au point de susciter des inquiétudes.
Inquiétudes parce qu’ayant reçu dans votre office du travail le Jeudi 24 Septembre 2020, la population de la Tshopo au travers ses élus, conduits par le Président de l’Assemblée Provinciale, vous avez été mis au parfum de toute la situation et aviez promis non seulement d’avoir un œil regardant sur la Tshopo, mais surtout de vous impliquer personnellement pour le dénuement de la crise dans un bref délai ; promesse qui était sujet d’espoir chez plus d’un Tshopolais, car, venant du Garant du bon fonctionnement des institutions lui- même ;
À notre grande surprise, environ 3 mois après, cette promesse n’a toujours pas été tenue, nous poussant ainsi à
une série de questionnement, notamment :
- Est-ce que la Tshopo fait partie de la République Démocratique du Congo, pays que vous dirigez ?
- Est-ce que le Peuple d’abord, credo du Président de la République concerne aussi la population de la Tshopo ?
- Est-ce que le Président de la République sait que la Tshopo est une province qui vit encore sous les séquelles des différentes guerres, en particulier celle de 6 jours entre les armées Rwandaises et Ougandaises et qu’elle attend toujours son indemnisation ? Si oui, pourquoi lui tourner ainsi le dos et laisser pareille crise perdurée dans une telle province et surtout à la solde d’un individu, qui ne veut pas se plier à la volonté de la population, exprimée au travers la majorité de ses élus ?
- Le Chef de l’Etat est-il en train de faire comprendre aux congolais en général et Tshopolais en particulier que les mauvais gestionnaires à la tête de différentes provinces dont celui de la Tshopo, bénéficient d’un veto de sa part ou d’une carte rose et qu’ils ont le feu-vert de gérer les Provinces à leur bon vouloir et piétiner les élus provinciaux ?
- Le Chef de l’Etat ne reconnaît-il plus l’Assemblée Provinciale de la Tshopo ou l’a-t-il dissoute à l’insu de tous pour qu’il n’accorde aucune attention à la volonté exprimée par la majorité d’élus, celle de doter la Tshopo d’une personne ayant des aptitudes requises pour booster son développement et à même d’accompagner sa vision ?
>> Lire aussi : https://www.kis24.info/2020/12/15/me-theoveul-lotika-nous-avons-lobligation-de-faire-echec-a-la-dictature-qui-se-passe-dans-la-tshopo-interview/
Le Gouv’ Walle Lufungula, dos au mur
Excellence Monsieur le Président de la République, votre élévation à la tête de notre pays avait redonné énormément d’espoir dans le chef de la majorité de congolais et tel est encore le cas ce jour ;il suffit de voir l’enthousiasme qu’a suscité l’avènement de l’Union sacrée pour s’en rendre compte ;
Notre enthousiasme fait néanmoins face à l’inquiétude de voir notre Province continuer d’être gérée par un homme sans vision, affidé du mobutisme puis du kabilisme, qui ne respecte rien, ni personne et dont le bilan à la tête de la Province se résume comme suit :
- La non application de la vision du Président de la République et foulage aux pieds des recommandations de celui-ci, en l’occurrence celle en rapport avec la tracasserie de la population, en cautionnant les services non attitrés aux différents points de perception des taxes ;
- Non respect des recommandations de sa hiérarchie, notamment celle du Vice-Premier Ministre et Ministre de l’intérieur, en ce qui concerne la suppression des commissariats provinciaux au sein du Gouvernement provincial ;
- L’instauration de la tyrannie, le poussant au bras de fer avec toutes les couches de la population, en commençant par ses propres électeurs (les députés provinciaux), la notabilité (notamment les députés nationaux et sénateurs), les activistes pro- démocratie et de droit de l’homme, les acteurs de la société civile, les enseignants, les personnels de santé, les avocats, les opérateurs économiques, les journalistes, les motards dit Wewa (qui ne cessaient de le pourchasser derrière, au point qu’il s’est vu obliger de débourser des sommes colossales pour calmer leurs ardeurs et en faire des alliés),…
- Discrédit et lynchage médiatique de l’Assemblée Provinciale avec prise en otage d’une frange minoritaire des députés provinciaux à sa solde ;
- Bafouement des résolutions d’une Assemblée Provinciale qui ne vaut plus rien à ses yeux, au point de la vider de toute sa substance ;
- Oppression, torture et arrestation arbitraire des militants, acteurs de la société civile et plus graves encore des députés provinciaux, sans respect des procédures légales dont la dernière était l’arrestation au travers son ministre de l’intérieur (un nostalgique et prototype des oppresseurs connus sous le système Mobutu et Kabila, chef d’orchestre de tous les sales coups), de 3 députés provinciaux en pleine mission officielle de vérification des tracasseries dont sont victimes les opérateurs économiques ; tracasseries qui étaient à la base de la fermeture des commerces à Kisangani du 25 Novembre au 2 Décembre 2020, rendant la vie intenable à la population, en cette période de crise due à la Covid-19;
- Instrumentalisation des forces de sécurité et de la justice pour faire taire toute voix discordante ainsi que le recours récurent aux civils pratiquants les arts-martiaux dans son entreprise de répression et cela au vu et au su de tous ;
- Rétrécissement de l’espace politique provinciale comme jamais vécu au paravent ;
Recours à l’administration publique comme arme pour intimider et faire taire des fonctionnaires de l’état qui ne cautionnent pas sa gestion chaotique ; - Instrumentalisation des différentes couches de la population, en particulier la jeunesse, manipulée à sa guise alors qu’incapable de lui donner de l’emploi ;
- Manipulation de l’opinion publique au travers une campagne médiatique ayant comme plus grand fondement des contre-vérités, notamment le financement d’une presse en ligne pour qui il a trouvé de l’espace à la revue de presse de la RTNC Kinshasa, en vue de désorienter même l’opinion nationale ;
- Manque d’un leadership visionnaire, managérial et fédérateur, mais se distinguant dans une gestion hasardeuse, le détournement des deniers publics (cfr mise en accusation par l’Assemblée Provinciale), le tribalisme et le clanisme ;
Aucune infrastructure publique réalisée (aucune école, aucun hôpital, aucun centimètre de la voirie urbaine asphaltée, aucune route de desserte agricole réhabilitée,…), si pas dilapidation des deniers publics au travers quelques petits chantiers trompe-œil, lancés avec pompe à la suite de la motion de censure des députés provinciaux à son encontre et qui jusqu’à ce jour ne donnent aucune lueur de leur achèvement, les travaux étant au point mort ; - Aucune politique de transport public, de maintenance des infrastructures de base et encore moins de création d’emplois ;
Aucune assistance aux sinistrés des catastrophes naturelles, en particulier des inondations récurrentes dont sont victimes les riverains de notre chère Province ; - Aucun effort pour améliorer la desserte en eau potable et encore moins en électricité, alors que la ville de Kisangani connaît l’un des pires délestages de son histoire ;
Etc.
Félix Tshisekedi, la seule solution à s’activer
Excellence Monsieur le Président de la République, ce tableau sombre qui ne reprend même pas le 1/10e de ce que vit la Province de la Tshopo depuis qu’il est sous la direction de l’actuelle équipe de l’exécutif provincial, ne peut nullement laisser indifférent n’importe quel patriote et à plus forte raison vous sur qui repose l’espoir de tout un peuple et qui ne jurez que par la rupture avec le passé sombre qu’a connu ce pays.
Excellence, on ne peut vouloir le changement du mode de gestion au niveau de l’Exécutif national, en cautionnant la gestion kakistocratique et désastreuse au sein des Exécutifs provinciaux, dont la Tshopo semble sûrement être l’un des pires élèves, au point de servir de mauvais exemple pour les autres exécutifs et surtout en faisant de l’Union sacrée un bouclier de ceux qui doivent rendre compte de leurs gestions désastreuses ;
Monsieur le Président de la République, nul ne peut gérer par défi un peuple déterminé à palper du doigt le changement et il n’en peut nullement être le cas pour la Tshopo, berceau du patriotisme, dont la majorité de sa population de commun accord avec ses élus, ne veulent plus de l’actuelle équipe de l’exécutif provincial, qui a pris la Province en otage, avec un va-t-en guerre qui défie tout le monde et qui est déterminée à en découdre, en ayant notamment recours aux moyens non conventionnels, lui faciliter par les caisses de la Province et qui lui sert de levier pour son maintien illégitime au pouvoir.
Légalistes, nous venons auprès de vous qui êtes la plus haute personnalité de ce pays, en votre qualité du seul Garant du bon fonctionnement de toutes les institutions tant nationales que provinciales, pour que vous mettiez fin à la crise qui sévit dans la Province de la Tshopo, en levant une option courageuse, celle que vous confère la constitution au travers son article 198 et ainsi débarrasser la Tshopo de celui qui devient de plus en plus un danger pour la concorde provinciale et surtout une menace pour notre jeune démocratie.
Nous vous prions aussi Excellence, en votre qualité de Magistrat suprême, d’instruire le Procureur général près la Cour de Cassation pour qu’il enclenche la procédure de poursuite des 3 membres de l’exécutif provinciale de la Tshopo, dont le dossier ne fait que trainer sur sa table, suscitant diverses interprétations dans le chef de la population Tshopolaise, qui a soif de voir l’Etat de droit produire ses effets aussi dans cette partie du pays.
Si votre ultime conviction vous fait croire que personne d’autre ne peut mieux vous accompagner en Province de la Tshopo que l’actuel exécutif Provincial et que vous le préfériez en lieu et place de la majorité de Tshopolais avec leurs élus, qu’il plaise alors à votre haute autorité, de faire usage de l’article 197 de la constitution qui vous confère le pouvoir de dissoudre l’Assemblée Provinciale, lorsqu’une crise grave et persistante menace d‘interrompre le fonctionnement régulier des institutions provinciales, ce qui est le cas ce jour pour la Tshopo.
Dans cette optique, nous espérons que la crise sera résolue et que notre Province sera dotée d’une nouvelle Assemblée Provinciale dans le délai imparti par la constitution.
Excellence Monsieur le Président de la République, connaissant tout le risque que vous prenez chaque jour pour ce pays, la population de la Tshopo au travers les signataires de cette lettre, à la ferme conviction que son contenu retiendra votre attention particulière et que vous lui réserverez une suite favorable, dans un délai raisonnable.
Sentiments patriotiques et nos vœux les meilleurs pour l’année 2021, que nous espérons celle des réponses aux attentes de la population.
LA RÉDACTION