Rares sont ceux qui ont vécus l’indepandence de la RDC en juin 1960. A ce 63e anniversaire de l’indepance, KIS24 a rencontré, à Kisangani, deux proches de Patrice Lumumba dans leur jeune age. Comment ont-ils vécu avec les Colons ? A Kisangani, tout comme partout au Congo, « la discrimination » résume le regime colonial.
Loela Joseph Marius et Kanga Leon Albéric habitent à Kisangani depuis 1935. Le premier est né en 1930 et le second en 1935. Les deux ont travaillé à l’actuelle CADECO, et surtout, ils sont prochés de Lumumba, figure clé de l’indepance congolaise. Leon Kanga, lui a dirigé le MNC, parti de Lumumba à Kisangani et compte plusieurs années dans la fonction publique ainsi que dans des fonctions politiques. Loela Joseph, lui également des années dans la fonction publique, et une petite carrière politique auprès de Mobutu.
Si les infrastructures belges sont fiables, le côté humain reste cauchemardesque. Les deux gardent encore des mauvais souvenirs, dont la discrimination vécue à l’école, à l’église, au service et ailleurs.
« L’Athénée de Kisangani que vous voyez, c’était uniquement pour les enfants Européens, » affirme Léon Kanga qui est aussi l’un des intellectuels Boyomais des premières heures. Il a été à Buta pour l’école moyenne ( école secondaire). C’est l’arrivée de Mobutu qui lui a permis de fréquenter l’Université Nationale du Zaïre, campus de Kisangani.
« Les Belges voulaient nous maintenir dans l’ignorance. 80 ans au Congo sans former les cadres universitaires. » Aussi, se rappelle-t-il encore que « Les Belges n’acceptaient même pas les enfants des Pakistanais.» Il en est de même pour l’hôtel Kisangani aussi.
Le faible taux d’accès à l’instruction a désavantagé les Congolais dans plusieurs secteurs. « Tout le monde n’avait pas accès à l’information. La radio n’était que pour la musique. Et à l’accession à l’indépendance, les gens ne savaient pas s’il s’agissait de quoi, » a-t-il expliqué.
« Ils avaient mis à notre disposition des cartes pour accéder dans des magasins, dans des boulangeries, dans des boucheries. Quand un Congolais voulait acheter de la viande, il y avait un petit trou au mur. On n’avez pas le droit de faire le choix d’un morceau rôti. C’était réservé aux blancs. »
Loela Joseph a aussi connu la même expérience. Mais ce fut plus dur pour lui, et Lumumba, lorsqu’ils étaient chassés d’un restaurant à cause de leur race. « D’abord, on nous avait refusé de la viande. Et c’était la chaire humaine parce que les Blancs mangeaient les noirs. »
Il se rappelle encore des endroits, dans la ville de Kisangani, où les Congolais se faisaient abattre comme des bœufs. Sur l’avenue de l’actuel hôpital Berlovatz, se souvient-il. Mais cette même discrimination a touché même les cérémonies mortuaires. Les cimetières en face du bâtiment administratif de l’UNIKIS, seuls les blancs pouvaient y enterrer.
« Le reste, on enterrait dans des endroits périphériques. Parce que même dans d’autres quartiers, nous ne pouvions pas accéder. »
En juin 2022 à Kinshasa, l’actuel roi des Belges, en visite en RDC, avait déclaré : «Le régime colonial était basé sur l’exploitation et la domination». Des propos tenus mais sans aucune excuse présentée à la suite, contre toute attente. Et pour se dédouaner, la Belgique a remis la relique de Lumumba à la RDC. Toutefois, les souvenirs restent amers.
Un commentaire
Que l’état trouve une solution nécessaire