63 ans après l’accession à la souveraineté internationale acquise dans la peine, les Congolais, habitants d’un pays riche en sous-sol, se retrouvent encore parmi les nations du sud. En avril dernier, banquemondiale.org a classé la RDC parmi les 5 pays les plus pauvres du monde. À l’en croire, environ 62 % de la population du pays de Lumumba vivait avec moins de 2,1 USD par jour en 2022. Une position qui ne désole pas un seul, mais également dont les responsabilités reviennent, quelque part, à l’élite congolaise.
Le Professeur Ordinaire Matthieu Kirongozi Bometa, actuel Doyen de la Faculté des Sciences Administrative et Politique de l’Université de Kisangani, a, dans une interview accordée à KIS24, clarifié le rôle pervers des intellectuels dans la situation inquiétante des Congolais.
« Les universitaires ont joué un rôle négatif dans ce pays », a-t-il affirmé. Et de compléter « ceux qui ont été aux côtés des dirigeants, sont la plupart des gens intelligents, mais qui étaient au service du mal. Ils n’ont pas travaillé pour l’intérêt de ce pays. »
Dans son diagnostic, ce P.O a fait parler l’histoire pour s’illustrer parfaitement. Il est allé jusqu’au 19 septembre 1960, lorsque Mobutu, cinq jours après avoir pris le pouvoir par un coup d’état militaire, décide d’installer un collège des commissaires généraux. C’était un Gouvernement provisoire qui a fonctionné jusqu’à janvier 1961. Son rôle était de remettre de l’ordre au sommet de l’Etat, après des révocations réciproques entre Kasavubu et Lumumba.
« Ce collège est constitué des rares intellectuels que le pays avait. Les rares licenciés. Des gens qui savaient ce que sait la Constitution. L’existence du collège des commissaires généraux n’était pas justifiée par la Constitution. Donc ce sont des gens qui ont joué un rôle assez négatif dans ce pays et ce sont les intellectuels, qui pour avoir étudié le Droit devaient aider le pays à respecter ce qu’on appelle la loi fondamentale… »
Et les Enseignants ?
Les enseignants sont les garants de la classe intellectuelle. Grâce à leur métier, ils produisent plus de vingt mille diplômés à la fin de chaque année académique. Ont-ils aussi brouillé la RDC ? Matthieu Kirongozi répond par un oui, mais s’explique.
« L’enseignant se contente de faire son travail. Mais si ce travail n’est pas bien rémunéré, l’enseignant perd conscience, il ne peut plus faire son travail correctement… Ça peut aussi jouer sur le type d’homme que nous formons. Au finish, on a des gens auxquels on distribue des diplômes, mais dont la tête ne suit pas. C’est une part de responsabilité des enseignants, mais qui est conditionnée par le fait que l’enseignant n’est pas bien rémunéré. »
L’amour de la patrie n’existe pas
« Le pays va mal » disent plusieurs Congolais. Pour le professeur Matthieu Kirongozi, celà est dit à l’amour de la patrie qui est illusoire chez les gouvernants.
« Nous sommes dans l’égoïsme, l’amour de la patrie n’existe pas. Dès que vous êtes associé à un poste de responsabilité, vous vous voyez vous-même, » a-t-il laissé entendre.
C’était encore un autre 30 juin sans salaire, pour lui et ses autres homologues professeurs. Dans un pays où la justice distributive présente « des écarts révoltants » , le professeur Mathieu Kirongozi s’interroge : « Comment quelqu’un peut avoir la conscience du travail ? ». Les inégalités salariales dont il parle, à l’en croire, font « perdre la conscience professionnelle». On trouve qu’on est dans un pays où on ne sait pas mettre les gens à leurs places.
3 commentaires
Les Congolais nous mêmes sommes inconscients de la souveraineté congolaise.
Merci beaucoup au professeur Mathieu kirongozi
Le professeur a tellement raison