« L’on est plutôt en train de connaître une frange de la population qui devient de plus en plus polyglotte. » C’est le constat fait par le Professeur Jacques-Riverain Lofemba, DG de l’ISC/Kisangani et enseignant au département de Lettres et Civilisation Africaines à l’UNIKIS, qui l’a annoncé dans une interview accordée aux journalistes, ce vendredi 7 juillet, date commémorative de la Journée Mondiale du Swahili (JMS).
Parmi le plus de deux millions de locuteurs du swahili, l’on peut compter aussi les Boyomais, habitants de la ville de Kisangani, dans la province de la Tshopo. C’est la seule ville en RDC où les enfants peuvent apprendre facilement deux langues « véritablement supranationales » : le swahili et le lingala. Deux communes, sur les six, parlent couramment le swahili, à savoir Kabondo et Kisangani.
Cependant le Professeur Jacques-Riverain Lofemba, affirme qu’ « à Kisangani, le swahili est en train de perdre son aire linguistique.» À l’en croire, « l’homme se déplace avec ses moyens de communication.» Et d’après son constat, « le lingala fait incursion dans les airs swahiliphones.»
« Avec l’expansion de la ville de Kisangani, le quartier qu’on appelle Cimestan, c’est un nouveau quartier mais qui se trouve dans la commune de Kisangani. ce quartier est habité actuellement par la population noble. Et cette population, les enfants parlent le français, les enfants parlent le lingala. Donc même dans la commune de Kisangani qui était jadis une commune essentiellement swahiliphone, on sent les gens qui parlent d’autres langues commencent à construire là-bas. Ce qui fait qu’à Kisangani le swahili est en train de reculer. »
Si le lingala fait incursion dans les airs swahiliphones, le Professeur Lofemba atteste qu’ « il est difficile que la langue swahili puisse perdre la quasi-majorité de ses locuteurs.» La toponymie, le vestige, l’hydronymie, la frontière entre la RDC et les pays de l’Est, …sont des éléments qui favorisent la perpétuité du swahili face à l’ascension du lingala.
Ce qu’il considère comme avantage, c’est le multilinguisme qu’il constate en RDC. « Parler deux, trois, quatre langues, c’est un avantage que de rester monolingue. ». Toutefois, il encourage les parents à préserver la langue swahili qui « fait partie de notre identité. » « La langue,…la perdre et n’est pas là transmettre aux enfants, ça serait de l’acculturation, l’aliénation même. Le swahili fait partie intégrante de l’identité de la République Démocratique du Congo. »