« Recours à l’authenticité » commentent plusieurs Boyomais dans les réseaux sociaux depuis la hausse démesurée du carburant à Kisangani.
Le 24 décembre, le transport urbain par moto-taxi a été quasi-impossible pour les habitants de Kisangani. Et comme alternative, le Toleka ; en français « allons-y », le déplacement urbain effectué par des vélos. Jusqu’à ce mercredi 27 décembre 2023, les 2000 fc, prix minimum d’une course à moto assomment bon nombre de Boyomais.
Reportage
C’est le malheur des uns qui fait le bonheur des autres. Les autres, ce sont les Tolekistes qui voient leurs recettes journalières augmentées de plus de 100 pourcent. Mulanga Auguy, 33 ans, en est l’illustration.
Hier (mercredi), j’ai gagné 17 mille Fc » témoigne-t-il. Mulanga est Tolekiste depuis 2010, année pendant laquelle l’hégémonie de Toleka s’est amoindrie. « Les autres jours, soit avant la pénurie du carburant, je réalise au plus 8 mille Fc, » dit-il à KIS24. Il a retrouvé l’aisance de sa profession : « Je ne quitterai pas ce métier si tôt. Je serais aussi en train de souffrir comme les motards. »
Buda, lui est parmi les doyens Tolekistes. C’est depuis 2004 qu’il pédale. Très célèbre au marché central, son ancienneté constitue un avantage pour lui. Avec cette pénurie, il affirme avoir atteint 40 mille Fc par jour. « Nos courses se paient 1000 FC ces jours, » explique-t-il. Il a ses propres clients pour lesquels, il transporte des bagages. « C’est facile de les toucher avec le carburant qui coute. Tout Tolekiste est heureux, » affirme-t-il.
Plutôt vélo que moto
Mulanga et Buda sont pères des familles. Chacun a acheté au moins une parcelle grâce aux billets modiques qu’ils comptent chaque jour. Ils ont vu nombreux d’entre eux se convertir en taximen. Ce qui ne leur séduit pas.
« Nombreux nous négligent. Nous ne payons pas des documents ou des plaques, » c’est ce que Mulanga trouve comme avantage par rapport à la moto. S’il n’envie pas ses anciens camarades devenus taximen, c’est « parce qu’ils signent des contrats avec les vendeurs des motos. » En terme de recettes, Mulanga calcule : « ce que le taximen retient comme bénéfice, c’est ce que je gagne aussi. »
À Kisangani, les motos s’achètent à plus de 1500$ par pièce. Par faute de moyen, les jeunes les prennent à crédit qu’ils paient à compte goutte. Chaque semaine, ils versent cent mille Fc à la société qui donne la moto. Il faut alors travailler pendant une année pour voir la moto être une propriété privée. Depuis quelques mois, il devient difficile pour eux de gagner trente mille Fc par jour.
Buda maîtrise très bien cette situation. Il ne supporte pas la pression des sociétés commerciales. « Je peux conduire la moto, mais les exigences des prioritaires des motos ne me laisseront pas à l’aise. Ils ne tolèrent pas le retard de versement. »
Les années Toleka, c’est jusqu’en 2010. Aujourd’hui la ville de Kisangani compte des milliers de motos et des véhicules. Les trois derniers jours, le carburant a coûté jusqu’à 20 mille Fc chez les revendeurs. Pendant ce temps, plusieurs stations sont restées hors service. Une solution urgente a été trouvée. Une cargaison de 1000 m³ est arrivée à Kisangani.