La progression du mouvement rebelle M23 menace la province de la Tshopo à partir du territoire de Bafwasende. L’alerte vient de la communauté Lombi, peuple vivant dans les secteurs Bakumu-n’dangumu et Barumbi, dans un mémorandum adressé au Gouverneur de Province, Paulin Lendongolia, le 15 juillet 2024, dont une copie est parvenue à KIS24.
Dans leur mémo avec au moins 115 signatures, la communauté Lombi confirme la présence d’une équipe d’avance du M23 dans la Tshopo. Cette équipe d’avance s’étend sur deux secteurs : Bakumu-n’dangumu et Barumbi. Les Lombi désignent le Général autoproclamé Shokoro comme adjuvant (soit éclaireur) de ce mouvement rebelle, soutenu par l’armée rwandaise, dans le territoire de Bafwasende.
Nouvelle administration proche du M23
Shokoro est installé à Balobe et y semble déjà maîtriser ses nouvelles terres conquises. Il a nommé un nouveau chef de secteur Bakumu-n’dangumu et un nouveau chef de groupement Loya, mettant ainsi à l’écart ceux nommés par Kinshasa.
Tout celà pour permettre aux M23/ADF-AFC d’occuper notre secteur et trouver l’occasion d’atteindre la ville de Kisangani et conquérir toute la province de la Tshopo » lit-on dans cette correspondance, tout en précisant que d’autres chefs coutumiers ont été nommés et installés.
Inaction des FARDC
Les hommes de Shokoro travaillent en collaboration, d’une part, avec des groupes armés proches du M23 dans le Nord-Kivu, et d’autre part, avec des milices de la province de l’Ituri. Des tueries sont perpétrées dans cette partie de la Tshopo, informe cette communauté tout en déplorant la présence des militaires « passifs » du 31022 Bataillon.
Pour les Lombi, l’inaction de ce bataillon « prouve à suffisance le comploi contre les forces armées de la République et la trahison à la Nation ». La 31e Brigade, basée à Mambasa en Ituri, venu en renfort est « une présence indésirable » pour eux. Ils les accusent d’avoir maltraité la population de Bafwasende.
La présence de ces militaires dans le territoire de Bafwasende est un soutien indéfectible aux groupes armés locaux de NORD-KIVU et de l’ITURI qui travaillent pour le compte du M23 sous commandement de SHOKORO pour le malheur de la Tshopo et de toute la République » écrivent ils.
Silence de Kisangani
« Silence condamnable de l’exécutif provincial » écrivent-ils à Paulin Lendongolia, Gouverneur de la Tshopo. Les Lombi se considèrent comme la cible de Shokoro et toute sa collaboration. Ils dénoncent également le silence de la hiérarchie militaire, policière et territoriale.
Craignant pour leur province, ils appellent à une intervention « en vue de sauver la Tshopo de ne pas être confisquée totalement par les M23 ». Vivant la peur au ventre, ils demandent aux militaires de « neutraliser la coalition des groupes armés locaux du Nord-Kivu supplétifs des M23 qui sèment désolation dans le territoire de Bafwasende à partir des secteurs des Bakumu D’angumo et Barumbi avec leurs collaborateurs soldats du 31022 Bataillon et ceux de la 31e Brigade qui ne sont pas avec population ».
Il s’agit d’une énième alerte. Précédemment, les Députés Provinciaux de Bafwasende en parlaient déjà. C’était quelques jours avant la chute de Kanyabayonga qui se trouvent non loin de Bafwasende. Shokoro était pointé du doigt et avait tué plusieurs autochtones des villages d’Opienge.