IPAS, une Organisation Non Gouvernementale qui s’intéresse aux problèmes liés à la santé de la femme et de l’enfant, a lancé ce jeudi 28 novembre 2024 au Centre Monaco de l’université de Kisangani, la formation de sensibilisation des Relais Communautaires et Animateurs communautaires de 7 zones de santé de la Tshopo. Cette formation est axée sur l’accès aux services d’avortement sécurisé.
La République Démocratique du Congo affiche des taux de mortalité maternelle, néonatale et infantile parmi les plus élevés au monde. En effet, selon les résultats de l’EDS 2013-2014, la mortalité maternelle est estimée à 846 pour 100 000 naissances vivantes. Les avortements non sécurisés représentent la deuxième cause de mortalité maternelle dans le pays. Ces avortements non sécurisés dans des conditions d’hygiène précaires concernent toutes les femmes en âge de procréer, y compris les adolescentes, contribuant aux décès maternels à hauteur de 30 % selon les estimations (MICS 2010).
Dans ce contexte, après la formation des prestataires de services de santé publique de la Tshopo, c’est le tour des hommes et femmes qui assurent la sensibilisation communautaire sur les questions sanitaires. Durant trois jours, soit du jeudi 28 au 30 novembre 2024, IPAS forme les Relais Communautaires et Animateurs communautaires des zones de santé de la Makiso, Mangobo, Tshopo, Kabondo, Lubunga, Bengamisa et Wanierukula sur l’accès aux services d’avortement sécurisé.
« Nous nous retrouvons au Centre Monaco pour démarrer la formation des Relais Communautaires et des Animateurs communautaires des zones de santé. Les relais communautaires sont des sensibilisateurs qui se trouvent dans chaque aire de santé de nos zones de santé. Nous avons réuni ici 7 zones de santé : Tshopo, Mangobo, Makiso, Kabondo, Lubunga, Bengamisa et Wanierukula. Ce sont des personnes qui agissent pour la sensibilisation par rapport à tout ce qui est problème de santé dans la communauté. Ils sont invités pour suivre une formation de sensibilisation sur la prise en charge des femmes qui connaissent le problème d’avortement dans les communautés », a dit Marie-Thérèse Mokaria, Médecin et Coordinatrice provinciale du Programme national de la santé de reproduction.
Contribuer à l’amélioration de l’environnement juridique, politique et communautaire pour l’accès aux services de santé de la reproduction de qualité y compris les soins d’avortement centré sur le besoin de la femme aux fins de réduire les méfaits liés à l’avortement non sécurisé est l’objectif général de cette formation.
Bienvenue Ikomo Bitalo, Chef de Division de la santé qui a donné le go de cette formation et a résumé les dangers des avortements non sécurisés et demandé aux relais et animateurs communautaires de participer activement en intériorisant les matières.
« Comprenez que nos femmes sont exposées puisque qu’elles recourent aux méthodes traditionnelles pour se faire avorter. Vous êtes sans ignorés que toutes ces méthodes entraînent des complications graves jusqu’à la stérilité et même aux décès de certaines de nos femmes à l’âge de procréer. Les adolescentes n’en sont pas épargnées. C’est ainsi que je vais vous demander de participer activement et d’intérioriser la matière qui sera partagée ici et poser des différentes questions pour qu’au retour, lorsque vous allez rentrer dans vos zones de santé respectives, vous puissiez restituer la matière que vous avez apprise ici ».
Pendant que 17% de 846 décès maternels pour 100000 naissances incombent à l’avortement à risque, l’Etat congolais a pris des engagements dans les objectifs de Développement Durable de réduire ce taux de mortalité maternel à moins de 70 décès maternels pour 100000 naissances vivantes.
Rappelons enfin que, selon le Protocole de Maputo sur les droits reproductifs des femmes, l’avortement médicalisé est autorisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus.