Le centre ville de Kisangani a été secoué, le jeudi 13 mars 2025, par des échauffourées opposant les étudiants de l’Institut du Bâtiment et des Travaux Publics (IBTP – Kisangani ) et les taximan. Ceci, après que la toile soit saturée par l’information selon laquelle « le Directeur Général a.i de l’IBTP Kisangani est porté disparu à Kinshasa ». Environ 3 ans après sa rénovation, les bâtiments de l’IBTP ont payé le prix des affrontements.
De l’huile versée dans le feu
C’est connu de tous : la réaction des étudiants de l’IBTP Kisangani a toujours été au-delà du raisonnable. Si diffuser que « le Directeur Général de l’IBTP Kisangani est porté disparu à Kinshasa» n’était pas imprudent, du moins, il nécessitait de bien fouiller l’information et la traiter de façon professionnelle en tenant compte de la responsabilité sociale des médias.
C’était suicidaire d’annoncer que le DG de l’IBTP Kisangani est porté disparu, pensent des analystes indépendants. Même si celà était vrai, il fallait réfléchir deux fois en tenant compte de ce que sera la réaction des étudiants de cette alma mater. Comme une quantité d’huile versée dans le feu, la nouvelle a révolté les étudiants jusqu’à provoquer le soulèvement.
Qu’est-ce qui s’est réellement passé à Kinshasa ?
Il a fallu attendre quelques heures, après les échauffourées, pour avoir la version officielle du ministère de l’enseignement supérieur et universitaire sur ce qui était réellement arrivé au Directeur Général a.i, le CT Delphin Luka Lokonda. Si les premières informations ont parlé de «l’enlèvement » ou de «la disparition » qui sous-entend à un «kidnapping», le communiqué du ministère de l’ESU quant-à lui, a parlé de «l’interpellation du DG par les services de sécurité de l’État ».
« Le Chef de Travaux Delphin Luka Lokonda fait objet d’une interpellation des services de sécurité de l’État depuis hier mercredi 12 mars 2025 juste après la clôture de l’atelier sur l’organisation et le fonctionnement des Écoles Doctorales auxquelles le précité a pris part » peut-on lire dans le communiqué, appelant au calme.
Dégâts et réactions
L’axe comprenant le rond-point ACKIS et Kilomoto étant pris en otage, la colère des étudiants avait excité les taximan. La réclamation de la libération du DG Delphin, s’est transformé à un affrontement contre les taximan. L’on note des blessés du côté des étudiants et des taximan, des téléphones portables empotés et des motos brûlées. A ceci, il faut ajouter les vitres des fenêtres des bâtiments de l’IBTP Kisangani qui sont cassées.
Réagissant à chaud, le Député national élu de Kisangani, Fontaine Mangala a déploré ces actes qu’il a qualifié d’odieux et de la plus grande barbarie perpétrés contre les installations de l’IBTP Kisangani.
« C’est avec beaucoup de consternation que j’ai appris les actes odieux et de la plus grande barbarie perpétrés ce jour contre les installations de l’Institut du Bâtiment et des Travaux Publics (IBTP) de Kisangani. Il est inadmissible que ce haut lieu soit pris pour cible pour quelques raisons que ce soit », lit-on dans le communiqué.
A en croire Fontaine Mangala, « il est impératif que les autorités urbaines prennent des mesures pour que pareils cas ne se reproduisent plus ».
Des policiers « non professionnels » ?
Venus pour calmer la situation, les éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC) ont dérapé. Selon le Chef mention adjoint chargé de l’enseignement, Ass. Ir. Lajoie Amazone, qui a été témoin de ces événements, l’attaque a été menée avec une brutalité inouïe. Des policiers ont utilisé des pierres et des balles réelles pour détruire un bâtiment qui avait été récemment rénové.
« Chose grave et scandaleuse, les policiers boyomais ont détruit expressément ce beau bâtiment par les pierres et les balles réelles. Ce genre de comportement de nos policiers me pousse à douter de leurs loyautés et originalité à l’égard de notre nation. Car détruire les infrastructures éducationnelles c’est fragiliser l’avenir de notre pays », a-t-il dit.
Par ailleurs, l’utilisation d’armes à feu contre des étudiants sans défense, qui se trouvaient à l’intérieur de l’établissement, a suscité des interrogations chez Lajoie Amazone. «Plusieurs d’entre eux ont dû subir des opérations pour extraire des projectiles», affirme-t-il .
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Face à cette escalade de violence, Lajoie Amazone a appelé à une intervention urgente des autorités compétentes : le Ministre de la Justice Constant Mutamba, le Gouverneur de la Tshopo Paulin Lendongolia et le Président de l’Assemblée provinciale Mateus Kanga. Il demande que justice soit faite pour les responsables de ces actes barbares afin d’envoyer un message clair : « la police doit être un agent d’ordre et non un instrument de répression ».
Jusqu’au moment de la rédaction de cet article, le Secrétaire Général Académique, CT Luka, faisant intérim du DG de l’IBTP Kisangani, reste détenu par les services de sécurité qui l’ont interpellé à Kinshasa. Le ministère de l’ESU dit suivre ce dossier de près et a promis de fournir des éventuelles informations supplémentaires.