Mercredi 27 Janvier 2021, c’est une nouvelle feuille d’histoire politique qui se griffonnait entre les lignes dans le temps et dans l’espace à la chambre basse du parlement congolais. 367 députés nationaux ont voté à une majorité écrasante la motion de censure contre le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilungamba, fidèle acolyte de Joseph Kabila.
Faisant fi de la fameuse transhumance politique qui se dessine après l’annonce subito presto d’une « Union Sacrée », le protégé de l’ancien régime n’a pas résisté contre vents et marées. Mais Ilunga, absent à la dite plénière visant sa tête ne compte du tout pas céder le fauteuil pour multiples raisons. Une solution à un problème qui engendre bien un autre problème. Kis24.info vous retrace le gros des moments bouillants dans cette affaire.
Union Sacrée, Tshisekedi siffle la fin de la récréation
Dans une brève adresse, sur fond d’un ton ferme, le 06 décembre, Félix Tshisekedi annonce sa volonté de mettre fin à la coalition FCC-CACH et entame une union sacrée qui vise de mettre en place une gouvernance selon le désir du peuple.
Peu après, le président congolais lance des consultations politiques visant à former l’union sacrée. Les résultats issus de ces dernières après près d’un mois de va-et-vient des acteurs politiques, sociaux et toute catégorie au palais du peuple connaissent des effets. un revirement politique très important pour Félix Tshisekedi s’observe. Bemba et Katumbi, membres de lamuka prennent les devant et se mettent d’accord mais un peu exigeant. Fayulu reste dans son coin.
Des gouverneurs des provinces, des anciens collaborateurs de l’ex-président Kabila dont le feu Lola Kisanga et l’incontournable Justin Bitakwira, adhérent tout de même à cette nouvelle configuration politiques.
Ici, sans citer les récentes figures clés de cette transhumance politique.
Cependant le camps adverse fut agité. À l’assemblée nationale, Mabunda est visée par une motion. Du coup, les violons ne s’accordent plus. Au lendemain de l’adresse du chef de l’État, l’hémicycle est assiégé par des scènes de violences. À l’origine, des députés CACH détestent à mauvais goût la sieur Mabunda.
« Elle ne peut présider n’importe quelle plénière… » vociférent les deux dans des correspondances à la présidence.
Mardi 08 décembre, des scènes sont accentuées. Le bureau d’âges est du coup mis en place afin de présider la plénière consacrée à l’examen d’une série des pétitions lancées contre le bureau Mabunda. Ce dernier sera évincé par la suite. Mabunda tombe, une bataille de plus gagnée par Fatshi.
Nouvelle bataille: Ilunga sur la sellette
Au bout du tunnel, les pro-Tshisekedi ne lâchent pas. Ilunga est sur la sellette dans la nouvelle bataille politique. Il est accusé de plusieurs griefs mais son seul péché est d’être « très proche » de l’ancien système.
Dans cette nouvelle chasse, les carottes étaient déjà cuites. Des membres de son gouvernement entrevoient même une éjection et prennent de précautions pour lui.
« S’il y a une motion contre le premier ministre, je lui conseillerai de démissionner, ça va d’un honneur… » insistait sur JA, un ministre du gouvernement Ilungamba et qui affirme déposer sa démission, une fois la motion est là.
Mboso, doyen d’âge et tout son staff sont saisis et confirme la récevabilité de la motion contre le gouvernement Ilungamba. Il convoque la plénière mardi 26 Janvier et puis finalement reportée au mercredi 27 Janvier avec un seul point à l’ordre du jour « examen de la motion de censure contre le premier ministre Sylvestre Ilunga. »
De son côté, le Premier ministre déchu est ferme, Kabila lui demanderait de ne pas démissionner avant l’élection et l’installation du Bureau définitif.
« De toutes les discussions que j’ai eu avec ces derniers, il s’en est dégagé une recommandation, à savoir : je ne dois pas démissionner avant l’installation du Bureau définitif de l’Assemblée nationale», a-t-il écrit dans un courrier adressé mercredi au Président Tshisekedi.
Dans la foulée, Ilunga veut que le Bureau d’âge se conforme à son ordre du jour qui vise l’organisation de l’élection du nouveau Bureau définitif à qu’il reviendra, selon lui, d’examiner la pétition des députés.
Eu égard de ce qui précède, le premier ministre affûte certains éléments de défense, chargeant Tshisekedi.
Bien plus, Ilunga est fier de son équipe, « Je suis fier, avec l’ensemble de mon équipe d’avoir réussi, en dépit des circonstances difficiles tant du point de vue national qu’international, à maintenir la stabilité du cadre macroéconomique, gage de croissance et d’amélioration progressive des conditions sociale.»
Ces moyens n’ont pas tenu. Ilunga et tout son gouvernement sont éjectés et déclarés démissionnaires. 367 députés ont suffi pour cette nouvelle donne politique gagnée par l’actuel président de la République.
Le gouvernement Ilungamba est tombé, Et après ? Suspens… va-t-il déposer la démission de son gouvernement…?
Raclée de la coalition FCC-CACH
Le 24 Janvier 2019, Félix Tshisekedi scelle une union, pour les pires et pour les meilleurs, avec son prédécesseur Joseph Kabila, après un accord jusque-là « secret » signé à Kingakati, ferme privée de l’ex-président. C’était cependant un véritable tournant historique d’un pays sorti d’une foncée de misères. Nombreux l’appellerent même « alternance politique » au vu et au su de la passation civilisée ente deux chef d’États, une première dans l’actif mieux dans l’avancée démocratique en RDC.
Les Congolais sont sereins mais bcp n’espérent pas à cette coalition. Ils exigent la mise à lumière de cet accord secret, très protégé aussi par le fils du Sphinx.
Au coeur d’un grand pays, Félix Tshisekedi voit un lourd fardeau, se mettant du coup au travail. Avec son ancien partenaire à la présidence, Vital kamerhe alors directeur de cabinet, ils amorcent un début difficile, celui de la reconstruction du pays. Félix met en place les programmes 100 jours sous la direction de kamerhe et autres membres dans le contour du président de la République.
Au bout du tunnel, ce programme est sous le feu des critiques. Pouf, des arrestations sur fond d’enquêtes au tour des détournements de fonds alloués à ce programme naissent. Beaucoup d’intervenants furent jeté en prison notamment l’homme d’affaires libanais Jammal et le DIRCAB Vital kamerhe, après un célèbre procès diffusé sur les chaînes nationales. Félix Tshisekedi ne s’interfére guère et laisse la justice faire son travail. Le procès sera vachement critiqué notamment avec des « sérieux doutes » sur la condamnation de Kamerhe (20 ans de prison pour détournement). À la longue, les langues vont se délier entre le FCC et le CACH, l’un accusant l’autre de « politisation » de l’affaire.
Au parlement, rien ne marche depuis un temps. C’est cette fois Jean-Marc Kabund, alors 2eme vice-président de l’AN qui est dans les viseurs des députés. Accusé d’incompétence et plusieurs autres maux, il finira par une éjection subite à ce poste. Une lourde bataille perdue par le camps Tshisekedi, dans un bureau définitif constitué en majorité des partisans de Kabila, avec à la tête Jeanine Mabunda.
Le FCC gagne mais le combat n’est pas fini. Pour y arriver, Félix Tshisekedi doit tout revoir à sa faveur. In exprès, il nomme des nouveaux animateurs de la cour constitutionnelle dont une femme, bourrée de compétence professionnelle. Des contestations relatives à cette décision se dégagent dans le chef du camps Kabila. Mabunda et Thambwe Mwamba font bloc mais en vain.
« ces nouvelles nominations sont faites dans la violation de la constitution du 18 février. Nous restons engager au respect de lois de la République…» estimaient les deux présidents, qui par la suite n’ont pas pris part à la cérémonie d’investiture des nouveaux juges.
Félix est déterminé. C’est l’ouverture d’un nouveau bras de fer politique avec son prédécesseur Joseph Kabila, très à colère, dans sa ferme. Il multiplia des contacts avec les membres du FCC mais en vain. Ceux-ci réitèrent froidement loyauté à lui. Au forceps, ils (la majorité) ont des yeux ailleurs. Pas d’autres choix que de rejoindre l’équipe gagnante. Lambert Mende et nombreux partisans kabilistes se joignent à leur tour à Tshisekedi.
Contre toute attente, Kabila se retire bonnement pour Kashamata à Lubumbashi où il séjourne depuis décembre dernier.
Retraite politique ou la case départ ?
Serge SINDANI