124 cas d’atteintes à la liberté de presse ont été enregistrés en République Démocratique du Congo. Ces chiffres sont contenus dans le rapport de l’ONG Journaliste en danger (JED) rendu public mercredi 02 novembre 2022 à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes.
Pour l’ONG Journaliste en Danger, comme des années antérieures, cette année, des journalistes ont été pris pour cibles dans l’exercice de leurs métiers : agressions verbales ou physiques, menaces, dégradations de leurs matériels de travail lors des reportages, stigmatisation des journalistes lors des déclarations politiques ou dans les réseaux sociaux, indique le rapport de JED.
Ce rapport indique que 49 journalistes ont été menacés, 37 arrêtés, 18 agressés, 2 enlevés, 1 tué et 17 médias ou émissions interdites, ce que porte au total 124 cas.
À une année des élections générales, la situation de la presse en RDC demeure mitigée. Il n’y a ni amélioration ni régression.
« à une année des nouvelles élections annoncées pour marquer la fin de mandat du régime en place, la situation actuelle de la presse au Congo n’est ni meilleure, ni pire que ce qu’elle a toujours été́ c-àd une liberté́ de la presse fragile », regrette JED dans son rapport.
A en croire ce même rapport, la dernière menace contre les journalistes en date du mardi 25 octobre 2022 c’était lors de l’adresse du Porte parole de Forces armées de la RDC (FARDC), le Général Sylvain Ekenge aux journalistes à Goma dans le Nord Kivu. Sa déclaration était en ce terme :
« L’heure est grave. Nous sommes en guerre, même si elle n’est pas encore déclarée, mais vous devez vous comporter comme en situation de guerre. Et vous devez agir et travailler en patriote. Nous devons nous comporter en conséquence. Ce n’est pas possible qu’on parle de l’armée n’importe comment. Quand je lis les réseaux sociaux, je me demande s’il y a ceux qui travaillent pour l’ennemi. Sachez que dans aucun pays du monde, on parle n’importe comment de l’armée, de ses plans ou objectifs. Si vous allez servir de pièces de résonnance du Rwanda, ne vous étonnez pas quand les Organes des médias seront fermés ou quand les journalistes seront arrêtés … ».
Parmi les raisons de la restriction de la liberté de presse, le JED cite notamment, l’environnement politique et sécuritaire, la loi de presse vielle, les abus de pouvoir.
« Plusieurs facteurs mettent en mal la liberté de l’information en RDC. Il s’agit, notamment, l’environnement politique et sécuritaire marqué par des conflits armés à l’Est du pays , de l’existence d’une loi sur la presse répressive et vieille de plus de deux décennies qui criminalise les délits de presse et prévoit des lourdes peines d’emprisonnement des journalistes; de la multiplication des cas d’abus de pouvoir des personnes qui détiennent une parcelle de pouvoir et qui se vengent des journalistes ou des médias qui les dérangent en toute impunité », évoque JED dans son rapport.
Pour améliorer les conditions de travail des journalistes en RDC, Journalistes en danger, (JED) recommande au gouvernement congolais de reformer sans délai la loi actuelle sur la presse en consacrant le principe de la dépénalisation des délits de presse, de doter la RDC d’une loi d’accès à l’information publique, de mettre fin aux arrestations arbitraires des journalistes et aux fermetures injustifiées des médias, de mettre en place un mécanisme national de protection des journalistes constitué des relais dans les différentes institutions concernées par la question de la sécurité́ afin que les exactions commises contre les professionnels des médias ne restent pas impunies.
Noter que, ce rapport met un accent sur les menaces et attaques enregistrées au cours de l’année 2022 contre les médias et les journalistes congolais. A 2021, JED avait dénombré 110 cas et 116 en 2020.