À l’aube de la Journée internationale de la jeunesse, Kisangani a été au cœur d’une rencontre sans précédent entre l’Assemblée Citoyenne Tshopo et le Conseil Communal de Makiso. Cette réunion ad hoc, véritable pont entre la société civile et les instances gouvernementales locales, a mis en lumière les défis cruciaux auxquels font face les élus locaux et les aspirations d’une population en quête de changement.
Fabrice Debo, président de l’Assemblée Citoyenne, a ouvert les débats en exposant avec éloquence la mission et les réalisations de son organisation. Son intervention, empreinte de gravité, a souligné l’importance capitale de cette rencontre, fruit d’une récente plénière ayant mis en exergue la situation préoccupante des conseillers communaux.
La réponse du Président des conseillers communaux a été un véritable cri du cœur, dévoilant sans fard les obstacles titanesques entravant leur mission. Sur les 23 attributions légales qui leur incombent, une seule est actuellement réalisée, un constat alarmant qui témoigne de l’ampleur du défi.
L’absence d’élections des bourgmestres crée un vide de responsabilité envers la population, paralysant l’action des conseillers.
Le tableau brossé est sombre : des infrastructures dérisoires, seulement quatre tables des bureaux pour un conseil entier, une absence totale de financement depuis leur installation, et des difficultés environnementales persistantes.
Ces révélations jettent une lumière crue sur le fossé entre les ambitions démocratiques et la réalité du terrain.
Face à ce constat accablant, les conseillers ont formulé des recommandations percutantes :
Un appel pressant aux autorités provinciales pour un soutien concret.
– La dotation urgente d’infrastructures adéquates.
– L’allocation de moyens financiers permettant l’exercice plein de leurs 23 attributions.
– Un plaidoyer pour un accompagnement renforcé de la société civile.
L’Assemblée Citoyenne, loin de rester passive, a riposté par des suggestions audacieuses et innovantes :
– L’organisation de « portes ouvertes » pour rapprocher les élus de leurs administrés.
– La création d’une commission « Mon 1 dollar » pour lutter contre l’insalubrité urbaine.
– Un appel à renforcer la sécurité par le déploiement de forces de police supplémentaires.
– Des initiatives hygiéniques ciblées pour les habitants les plus précaires.
– Un système de collecte des déchets par jetons, impliquant chaque foyer.
– Une collaboration étroite avec les médias pour accroître la visibilité des actions menées.
Cette rencontre, qui s’est déroulée de 9h30 à 11h30 dans l’enceinte de la commune de Makiso, marque un tournant dans la gouvernance locale de Kisangani. Elle illustre la volonté de dialogue entre les institutions et la société civile, tout en mettant en lumière l’urgence d’actions concrètes pour revitaliser la démocratie locale.
L’avenir de Makiso, et par extension de Kisangani, dépendra de la capacité des acteurs locaux à transformer ces échanges en actions tangibles.
La balle est désormais dans le camp des autorités supérieures, sauront-elles entendre cet appel et fournir les moyens nécessaires pour que les conseillers communaux puissent enfin jouer pleinement leur rôle crucial dans le développement de leur communauté ?
Cette réunion historique pourrait bien être l’étincelle qui allumera un renouveau démocratique à Kisangani, à condition que les paroles se transforment en actes concrets. La vigilance de l’Assemblée Citoyenne et l’engagement renouvelé des conseillers communaux seront les garants de ce processus de changement tant attendu par la population.
Joel MBIYA