Enseignant à l’Université et juge président au Tribunal de Commerce, mais actuellement « prisonnier ». Le Professeur Jean-Claude Pandatimu big wa Ganga a passé plus de 472 jours en prison. Arrêté le 06 octobre 2023, après un procès de toute une nuit, Pandatimu demeure aussi derrière les barreaux.
Annoncé bénéficiaire d’une liberté provisoire en juin 2024, en réalité tout n’était que faux. Pandatimu a signé le 18 février 2025, depuis la prison centrale de Kisangani, une lettre adressée au Président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Depuis sa cellule, le Professeur se considère comme « Martyr des grâces et gloire que Dieu me donne ».
Plus d’un an d’attente
Dans sa longue lettre de trois pages, « le prisonnier » Pandatimu attire la « haute attention » du Président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Cette même lettre est lue en copie par d’autres autorités politiques du pays. Depuis le 22 janvier 2024, le Professeur Pandatimu attend la décision de la Cour de Cassation, après sa condamnation à 12 ans de prison.
Son affaire est enregistrée à la Cour de Cassation sous le numéro RPA 207. L’affaire a déjà été instruite, plaidée et mise en délibéré. Cependant, « Aujourd’hui, plus d’un an après, cette juridiction ne s’est toujours pas prononcée, me maintenant ainsi dans une détention prolongée qui me plonge dans une profonde tristesse», écrit-il dans sa lettre.
Un silence de mort qui inquiéte l’ancien juge président du Tribunal de commence de Kisangani.
La vidéo virale et la version du Professeur
L’interpellation du Professeur Pandatimu est partie d’une vidéo « choquante » largement partagée dans les réseaux sociaux. Dans laquelle vidéo, son ex épouse est violentée et ligotée par des policiers. Cependant son auteur, c’est le Professeur Pandatimu, lui-même.
Je tiens que loin d’être un acte répréhensible, ce filmage s’inscrivait dans le cadre d’une manifestation de la vérité », explique son auteur.
Traitement inhumain, traitement dégradant, dans la vidéo ayant conduite à son jugement ; mais finalement le Professeur a été condamné pour incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline.
« les policiers apparaissant dans cette séquence vidéo exécutaient leurs missions dans le respect des ordres de leur hiérarchie. Dès lors, les accusations d’arrestation arbitraire et d’incitation à la violation des consignes militaires portées à mon encontre ne sauraient être fondées en droit », dit-il.
Santé, réputation et désinformation
Pour le Professeur, la vidéo a connu une « une présentation erronée des faits ». Pandatimu pointe du doigt ses « détracteurs ». Il soulève l’article 16 de la Constitution, à son alinéa 4, pour prouver l’interprétation erronée des faits et de la loi. Mais aussi l’article 372 du Code du numérique congolais qui le dédouane.
« la diffusion de la vidéo dite choquante a été instrumentalisée pour me nuire, en travertissant la réalité des faits…Je tiens à rappeler que la vidéo dite choquante qui constitue le fondement des poursuites engagées contre moi relève, en réalité, de la captation d’une scène témoignant d’infractions avérées », lit-on.
Alors que le silence plane encore sur son dossier, Pandatimu est aussi affecté sur le plan sanitaire et social. L’incarcération prolongée affecte également sa réputation, notamment « aux regards des allégations infondées » qui ont été colportées contre lui.
Par ailleurs, le prisonnier Pandatimu s’éloigne de la vengeance car chrétien catholique. Il dit attendre de l’État Congolais la justice rendue conformément aux principes de l’État de droit. Sa demande ne se limite qu’à l’obtention de sa liberté. « Je n’attends du pouvoir public congolais ni réparation ni sanction contre ceux qui ont initié ces poursuites injustes », révèle-t-il.
Dans ce dossier, le nom Frida Kelekele a une place de titan. Ex-épouse du Professeur Pandatimu, elle revenait chez son ex mari dans l’objectif d’y troubler la quiétude. Le divorcé ayant été déclaré, le Professeur avait obtenu la garde des enfants. Le procès du Professeur avait connu la participation des politiques, notamment l’actuelle ministre de l’environnement, Ève Bazaiba. Peu après la condamnation de Pandatimu, Frida avait été nommée Conseilleure de la Gouverneure de l’époque en matière des VBG.
A suivre !