Pour une gouvernance participative, les organisations de défense des droits des femmes ainsi que les femmes leaders des partis politiques appellent à la décentralisation du pouvoir dans des partis politiques. Cette adresse, destinée aux autorités morales des partis politiques, est contenue dans une déclaration signée ce lundi 1er mai à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo.
Retrouvées encore une fois, ce lundi, au siège de l’ONG Congo en Images, ces femmes, bénéficiaires du Programme Voix et Leadership des Femmes, veulent un nouveau mode de gestion dans des partis politiques.
Il s’agit ici de « la décentralisation, telle que définie par la Constitution de la RDC, pour la définition des rôles entre les fédéraux et les autorités morales (articles allant de 201 à 204) pour une gouvernance participative des partis politiques…».
D’après leur constat, dans les provinces, « les fédéraux sont réduits à ses simples représentants des autorités morales pour l’exécution de leurs décisions.» Elles s’estiment victimes de cette « centralisation à outrance » qui constitue, d’après elles, « un frein à la promotion du leadership politique de la femme ». Comme indicateur, dans leur déclaration, elles notent « la très faible représentativité de la femme dans la hiérarchie des partis politiques.»
Ainsi, elles affirment : « l’application des textes juridiques des partis politiques favorise l’homme au mépris de l’article 14 de la Constitution ; ce qui constitue effectivement une discrimination de la femme dans la gouvernance institutionnelle aux niveaux local, provincial et national avec comme conséquence la faible participation des femmes aux instances décisionnelles étant entendu que les partis politiques sont un canal approprié pour l’accès au pouvoir à travers les élections…»
Elles demandent à cet effet le « respect de la Constitution de la RDC en appliquant tous les articles liés à la promotion des droits de la femme.» Avant de suggérer la délégation du pouvoir dans la gestion des partis, elles demandent aussi le « recours à la méritocratie lors des nominations aux postes.»
Aux femmes, qu’elles considèrent muselées, instrumentalisée et réduite aux tâches secondaires, elles formulent quatre recommandations :
- faire preuve de probité morale et valoriser leur compétence pour éviter de se faire manipuler ;
- rester compétitive pour être une interlocutrice valable auprès des autorités des partis politiques ;
- rester soudées et à mobiliser les autres à rejoindre les partis politiques en vue d’intégrer la sphère décisionnelle ;
- dénoncer les abus subis au sein des partis politiques par leurs bourreaux.
Ces femmes comptent sur les autorités politiques nationales dans cette lutte. Par exemple au ministre de l’intérieur et décentralisation, elles lui demandent de « signer un décret instaurant la décentralisation au sein des partis politiques à l’image de ce que prévoit la Constitution de la RD Congo en matière de la décentralisation (cfr articles 201, 202, 203 et 204) en vue de définir les rôles des autorités morales et celles des fédéraux…»
À la ministre provinciale du genre, famille et enfants, elle propose « un cadre d’échange pour le suivi permanent de l’application de l’article 14 au sein des partis politiques.»
Notez que, cette déclaration est le résultat d’une enquête réalisée au sein des partis politiques à Kisangani. 800 personnes ont répondu à une série de questionnaires qui a attesté des abus à l’égard de la femme dans des partis politiques. Un travail réalisé dans le cadre du Programme Voix et Leadership des Femmes mis en œuvre par le Centre Carter, exécuté dans la Tshopo par Congo en Images avec le financement des Affaires Mondiales Canada.