Dans un geste audacieux et inspirant, la jeunesse de Kisangani a marqué la Journée internationale de la jeunesse par une manifestation pacifique mais puissante, orchestrée par le Réseau des Associations Congolaises de Jeunesse (RACOJ). Cette mobilisation, loin d’être une simple marche, s’est transformée en un plaidoyer vibrant pour un changement radical dans la province de la Tshopo et au-delà.
Ce lundi 12 août 2024, les rues de Kisangani ont résonné des pas déterminés de ces jeunes visionnaires, porteurs d’espoir et de revendications légitimes. Leur périple, symbolique et stratégique, les a menés de la Division de la Jeunesse à l’assemblée provinciale de la Tshopo, incarnant leur volonté de dialoguer directement avec les instances décisionnelles.
Au cœur de leur démarche, un mémorandum percutant, véritable manifeste pour une jeunesse engagée et consciente de son potentiel transformateur.
« Avec un engagement politique et des ressources adéquates, les jeunes ont le potentiel de métamorphoser le monde en un havre de paix et de prospérité pour tous », affirme le document, faisant écho à la résolution S/RES/2250 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les revendications du RACOJ sont aussi diverses que cruciales, touchant aux fibres les plus sensibles de la société congolaise :
1. Un appel poignant à la restauration de la dignité et à la quête de vérité, exigeant justice pour les innombrables victimes des conflits qui ont ensanglanté la région.
2. Une injonction pressante aux autorités pour accélérer la création d’emplois, reconnaissant le potentiel inexploité d’une jeunesse dynamique mais trop souvent laissée pour compte.
3. Une exhortation à mettre fin à l’insécurité grandissante dans la Tshopo, plaie béante qui entrave tout développement durable.
4. La demande d’une enquête impartiale pour traduire en justice les instigateurs des conflits qui déchirent l’Est de la RDC.
Au Ministère de la Jeunesse et de l’Éveil Patriotique, le RACOJ lance un défi audacieux : sortir des bureaux climatisés de Kinshasa pour aller à la rencontre de la jeunesse congolaise dans toute sa diversité, créant ainsi un dialogue national vital pour l’avenir du pays.
L’Assemblée provinciale n’est pas en reste, elle est sommée de voter un budget conséquent pour l’entrepreneuriat jeune et de légiférer contre les fléaux qui minent la santé et le bien-être de la population, notamment l’alcoolisme.
Le Gouvernement provincial, quant à lui, est appelé à des actions concrètes et urgentes : scolariser les milliers d’enfants déplacés, œuvrer pour la réconciliation entre communautés en conflit, et placer systématiquement les intérêts de la jeunesse au cœur de toute prise de décision.
Ce mémorandum est bien plus qu’une liste de doléances ; c’est un cri du cœur, un appel à l’action pour une paix durable dans l’Est du pays et une résolution pacifique du conflit Mbole-Lengola qui déstabilise Kisangani.
La jeunesse Tshopolaise, par cette action, ne se contente pas de rêver d’un avenir meilleur ; elle se positionne comme un acteur incontournable de sa construction.
Leur message est clair :
l’heure n’est plus aux promesses vaines, mais à l’action concrète et concertée.
Dans un pays où la jeunesse représente la majorité de la population, cette mobilisation du RACOJ résonne comme un avertissement aux dirigeants : ignorer la voix de cette génération montante serait non seulement une erreur stratégique, mais aussi un déni de démocratie.
La balle est désormais dans le camp des autorités. Sauront-elles saisir cette main tendue et travailler main dans la main avec cette jeunesse engagée pour bâtir le Congo de demain ?
L’avenir de la Tshopo, et par extension de la RDC tout entière, pourrait bien dépendre de leur réponse à cet appel vibrant et légitime.