Des familles déplacées, suite aux conflits interethniques Mbole-Lengola, passent des nuits à ciel ouvert, depuis mardi 03 mai 2022, à Kisangani, chef-lieu de la Tshopo. Plusieurs d’entre elles, ont fui pour la énième fois ces atrocités qui ont fait des morts d’hommes à chaque fois qu’elles surgissent. KIS24 a échangé avec quelques rescapés (déplacés) de ces violences. Les récits sont atroces.
Des témoignages accablants
Ils sont plus de 147 familles qui logent difficilement au bureau de la commune de Kisangani. L’effectif a été de plus de 130, la nuit du mardi. Ce vendredi 5 mai, ces déplacés se sont réveillés à plus de 200 dont un nombre important des enfants et femmes ménagères. En grande partie, les malades parmi eux. Ils passent nuit piqués par des moustiques, sans alimentation et sur six nattes seulement.
De là où ils viennent, dans plusieurs quartiers de Lubunga, les morts se comptent et le sang coule encore. Certains d’entre eux ont vécu les hostilités de janvier, ainsi, ils avaient choisi Lubunga-Centre comme milieu de refuge, mais les conflits ont dégénéré. Dans leurs témoignages, les faits sont incroyables. Ils se sont prononcés dans l’anonymat, craignant pour leur sécurité.
Patrick (nom d’emprunt), marié et père de deux enfants, se retrouve à Kisangani sans sa petite famille. Les hostilités ont repris entre les deux communautés alors qu’il se trouvait au point kilométrique 4 sur la route Ubundu. Peur totale au ventre, suite à son appartenance ethnique, sur un endroit étrange, il se réveille désormais aux côtés des inconnus.
« Nous sommes arrivés le mardi. Je n’ai pas changé les habits. Les rebelles, munis d’armes à feu et des machettes, m’avaient rencontré dans une école, j’avais tellement peur et j’ai fui. Ma famille, je n’ai aucune nouvelle d’elle. Je ne connais pas où elle se trouve. », raconte-t-il.
Un autre déplacé ajoute que des personnes pourtant innocentes ont été tuées dans un champ sur la route qui mène vers Opala.
« Les gens sont morts en grand nombre dans le champ », se rappelle cet autre déplacé qui exerce ses activités champêtres au PK 8 sur la route Opala. En janvier dernier, il a vécu une hécatombe. « Ils ont jeté des petits enfants dans des WC », témoigne-t-il.
« Sont les innocents qui meurent », atteste une autre déplacée, veuve de son état et membre de la tribu Lengola, qui ne connaît pas aussi où se trouve sa famille. Pour elle, « seule la paix » va panser sa plaie. En bon-chrétien, elle ne garde « aucune rancune avec ses frères Mbole ». Elle souhaite rentrer dans son milieu et retrouver ses enfants.
Toutes ses victimes appellent les autorités de la province et du pays à l’aide. Aucune condition ne favorise la vie là où elles se trouvent. Vendredi, la maire-adjointe de la ville de Kisangani, Mme Eugénie Wandandi, a, accompagné de la directrice de l’ONG AFIA MAMA, Mme Anny MODI, établi un état de besoin qui a été remis à son partenaire AMA. Les besoins urgents sont notamment la nourriture, les soins primaires, des nattes et matelas, etc.
Du lundi au mercredi 03 mai dernier, les Mbole et Lengola ont rallumé le feu après quelques semaines d’accalmie. Cette fois-ci, c’était en plein Lubunga centre, une commune de la rive gauche, où ils se sont entretués sans cœur. Les autorités politiques et militaires, grâce à leur intervention, la commune reprend son calme. Le bilan officiel n’est pas encore connu. Cependant, des sources concordantes parlent d’une dizaine de morts, des blessés et une certaine de maisons incendiées.