Les hommes et femmes, jeunes et vieillards, survivants des atrocités historiques de juin 2000 à Kisangani ont commémoré ce 05 Juin 2024, le 24è triste anniversaire de la barbarie des armées Ougandaise et Rwandaise à la fosse commune dénommée Cimetières de 6 jours.
Dans cet endroit où sont inhumées les victimes de cette guerre, des gerbes de fleurs ont été déposées ; des bougies allumées en mémoires de ces personnes qui ont perdu leurs vies durant les affrontements de ces armées étrangères. A cette occasion, Guy Rami Lonia, encore élève de Home Feyen à l’ époque, a adressé quelques mots de compassion aux victimes de cette guerre et à ses frères et sœurs des tribus Mbole et Lengola qui font, eux aussi, face aux massacres intercommunautaires depuis plus d’une année.
Chères victimes et rescapés de la guerre de 6 jours,
Il y a 24 ans, notre ville a été le théâtre d’une tragédie qui a marqué à jamais nos cœurs et nos esprits. Ces événements repassent encore dans ma tête comme si c’était hier. J’étais à l’école Home Feyen quand la première bombe est tombée, et en tant qu’enfant, je ne savais ni où aller ni à qui me vouer. La douleur et la confusion de ces jours sombres restent vives, même après tant d’années.
Aujourd’hui, nous honorons la mémoire de nos frères et sœurs tombés sous cette guerre injuste. Paix et repos éternel à ceux qui ont sacrifié leur vie. À ceux qui ont perdu des êtres chers, et à tous les Boyomais (Tshopolais), sachez que cette plaie reste en nous tous. Mais nous devons transformer notre douleur en une force collective pour le futur.
Aucun pays au monde n’a connu ce genre de guerre où deux nations étrangères quittent leur propre territoire pour venir créer une guerre et un abattoir sur un sol étranger. Cette date nous rappelle toujours combien la paix et le vivre-ensemble doivent régner parmi nous. Cela doit nous servir de leçon pour mettre fin aux barbaries et aux tueries qui sévissent encore à Lubunga. Kisangani est, et sera toujours, une ville de paix et d’espoir. La Tshopo sera toujours cette province hospitalière.
À mes frères et sœurs Mbole et Lengola, notre ennemi commun n’est pas entre nous, mais ce sont le chômage, le sous-développement, et l’absence de progrès. Il est temps de mettre fin à tout ce qui se passe à Lubunga et de nous unir pour bâtir un avenir meilleur pour tous.
Nous devons nous rappeler que même dans les moments les plus sombres, l’espoir peut naître. En tant que survivants, nous portons le flambeau de la résilience et de la détermination. Nous devons œuvrer ensemble pour construire un avenir où de telles atrocités ne se reproduiront plus. Notre engagement pour la paix, la justice et la dignité humaine doit être inébranlable.
La justice doit prévaloir. Les commanditaires de cette guerre répondront un jour de leurs actes. En attendant, nous devons continuer à bâtir une société fondée sur la compassion, le respect et la solidarité. Nos souffrances ne seront pas vaines si nous pouvons transformer cette tragédie en un puissant appel à l’unité et à l’action positive.
Que notre mémoire collective serve de fondation pour un avenir meilleur. Ensemble, nous pouvons et devons créer un Kisangani, une Tshopo, et une République Démocratique du Congo où chaque individu peut vivre en paix et en sécurité, où la justice est rendue, et où les générations futures peuvent s’épanouir.
Avec toute ma compassion, mon espoir et mon engagement pour un avenir meilleur. Fin
Notons que, le FRIVAO, organe qui s’occupe de l’identification et de l’indemnisation des victimes de la guerre de 6 jours, vient d’annoncer l’indemnisation effectivement des victimes dès ce mois de juin après plusieurs mois d’identification des bénéficiaires des fonds payés par l’Ouganda.