L’ONG Action pour la Justice, le Développement et les Droits Humains (AJDDH) tire la sonnette d’alarme sur l’insécurité grandissante à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo. Dans un point de presse alarmant le 22 juillet 2024 à Kinshasa, cette organisation dénonce la percée des rebelles du M23 dans la région et l’escalade du conflit interethnique entre les communautés Mbole et Lengola.
L’AJDDH pointe du doigt l’expansion des M23, qui occupent déjà 87 entités dans les territoires du Nord-Kivu et s’infiltrent désormais dans la Tshopo. « A ce jour, 87 entités dans les territoires de Nyiragongo, Masisi, Rutshuru et Lubero (villages et cités compris) sont occupées, et exploitées par le Rwanda via ses supplétifs des M23 et AFC. » rappelle cette organisation.
Le massacre de 60 civils à Loya en juin dernier est un sombre présage de leurs intentions. L’organisation accuse le chef rebelle SHOKORO d’être en connivence avec le M23 pour établir une base à Opienge « Le massacre de 60 civils le 13 juin dernier dans le groupement Loya en territoire de Bafwasende situé à moins de 400km constitue une parfaite illustration de cette situation. Le Chef rebelle SHOKORO qui fut la plaque tournante de ce carnage a été accusé d’être en connivence avec le M23 dans le but d’installer une base à Opienge. » alerte AJDDH
AJDDH revient aussi sur la situation à Lubunga, aussi préoccupante. Le conflit entre les communautés Mbole et Lengola, qui dure depuis février 2023, a fait de nombreuses victimes et des milliers de déplacés « Parallèlement, un conflit inter-ethnique a éclaté depuis février 2023, dans la commune urbano-rurale de Lubunga, située à la rive gauche dans la ville de Kisangani continue à faire des victimes jusqu’à ce jour. Il s’agit des affrontements meurtriers entre les communautés Lengola et Mbole qui vivent pourtant en harmonie sociale depuis des lustres ».
Les affrontements se sont étendus aux axes routiers, paralysant le trafic et aggravant la crise alimentaire à Kisangani « Ces affrontements se sont déportés de Lubunga aux axes routiers Lubunga-Ubundu, Lubunga-Opala et Lubunga-Isanginon sans conséquence sur les trafics économiques entre ces trois territoires et la ville de Kisangani frappée de pleins fouets par une flambée des prix des denrées alimentaires », accuse l’organisation.
Des recommandations fortes pour sortir de l’impasse
Face à cette situation alarmante, l’AJDDH formule des recommandations urgentes aux autorités nationales et provinciales :
– Mettre en place une commission de crise pour Lubunga afin d’enquêter sur les causes du conflit, d’établir un plan humanitaire pour les victimes et les déplacés, et d’identifier les responsables.
– Redoubler de vigilance pour freiner la percée des M23 dans la Tshopo en renforçant le contrôle sur la Route nationale numéro 4 et en dotant la PNC de moyens adéquats pour les patrouilles urbaines.
– Lancer un appel à la solidarité nationale et internationale pour financer l’aide humanitaire aux déplacés.
L’AJDDH, une voix pour la paix et la justice
L’AJDDH, une organisation non gouvernementale œuvrant pour la justice, le droit et le développement, appelle à une action collective et déterminée pour sortir Kisangani et la Tshopo de cette spirale de violence. La sécurité des populations et l’avenir de la région en dépendent.