Vingt-quatre ans après la fin de la sanglante guerre de six jours qui a endeuillé Kisangani, les plaies sont encore loin d’être cicatrisées. Ce lundi 10 juin, une coalition d’organisations de la société civile, dont le mouvement des femmes leaders Amani Ku Tshopo, Ukumbusho, DUC, CCJT et GTDE, avec la participation des Filimbi, LUCHA, ont commémoré ce triste anniversaire dans un esprit de deuil, de revendication et de quête de paix durable.
Après une messe œcuménique le matin à la cathédrale Saint-Rosaire de Makiso, les participants ont marché spécifiquement jusqu’au cimetière des victimes de la guerre. Des banderoles portant des messages forts ont été déployées, dans lesquels on peut lire :
Exigence de vérité, de justice, et de réparation équitable pour le deuil des victimes et la réconciliation durable », « Des institutions fortes et républicaines pour des garanties de non-répétition des crimes odieux et une paix durable. »
Des chants de paix et des cris de justice
Entonnant des chants de paix, de résistance et de résilience, les manifestants ont rappelé les atrocités commises par les armées étrangères en plein cœur de leur ville de Kisangani. Ils ont dénoncé l’impunité qui continue de régner et ont exigé des réparations justes pour les victimes.
Il est fort regrettable que l’État congolais se soit contenté d’accepter la maudite somme de 325 millions de dollars américains de réparations bien qu’à descent des 11 milliards soit estimé par les experts et réclamé par la RDC », a déploré Bibiche Salumu, coordinatrice du mouvement des femmes leaders Amani Ku Tshopo.
Des recommandations fortes pour un avenir meilleur
Au nom des victimes et de la population de Kisangani, cette coalition a formulé des recommandations fortes adressées aux autorités congolaises et à la communauté internationale :
• Saisir formellement l’ONU pour la création d’un tribunal pénal international afin de poursuivre les auteurs des crimes commis en RDC et de rendre publique la liste des présumés responsables.
• Accélérer la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle pour mettre fin à l’impunité et favoriser la réconciliation entre les victimes et leurs bourreaux.
• Mettre en place un mécanisme de vérification des antécédents criminels pour exclure des fonctions publiques, civiles, et militaires les auteurs présumés de crimes graves.
• Gérer de manière transparente et responsable les fonds de réparation alloués par l’Ouganda.
Malgré les cicatrices encore béantes, les organisateurs de cette commémoration ont voulu lancer un message d’espoir. Ils ont réaffirmé leur attachement à la paix et à la justice et ont appelé à une mobilisation collective pour que de telles tragédies ne se reproduisent plus jamais.
La guerre de six jours a marqué à jamais l’histoire de Kisangani. Ce lundi 10 juin 2024, les habitants de la ville ont une nouvelle fois exprimé leur douleur et leur indignation. Ils espèrent que leurs appels à la justice et à la paix seront enfin entendus.