Les femmes de l’Université de Kisangani ont commémoré, samedi 25 mars, la journée internationale de la femme, à la Faculté des Sciences, en présence de la ministre provinciale en charge du genre, du Recteur de l’UNIKIS, des associations des droits de l’homme et plusieurs autres personnalités.
La première à discourir devant la participation de plus de 50 femmes, est la religieuse Brigitte Anibiloni Sungufue, actuelle Secrétaire Général Administratif, qui a placé cette journée sous les signes de réflexion introspective.
Dans son discours, des questions d’interpellation adressées à la junte féminine sont revenues plusieurs fois.
Ci-dessous, découvrez l’intégralité de son allocution :
Excellence Madame la Ministre provinciale de la Famille et de l’Enfant,
• Monsieur le Recteur de l’Université de Kisangani et chers membres du Comité de Gestion,
• Chers invités, à vos rangs respectifs,
• Distinguées Dames, membres du personnel féminin de l’Université de Kisangani,
• Chères Sœurs et chers Frères,
Tout d’abord, je tiens à remercier les organisatrices de la présente activité, d’avoir pensé m’accorder cet espace, afin de placer un mot de circonstance à l’occasion de la célébration de la Journée Internationale de la Femme (JIF, en sigle).
Que dire, alors qu’on est à la 38e édition de cette Journée ?
En prenant la métaphore d’un promeneur, mieux, d’un évadé, parvenu au 38e kilomètre de sa fuite, il me semble important qu’il se rappelle toujours son point de départ, la voie empruntée jusqu’alors, au risque de reculer, de faire du sur-place, pire, de revenir à son point de départ, plutôt que de s’en ’éloigner le plus possible.
Aussi me permettre vous de faire un retour sur la genèse de ce que nous commémorons ce jour.
Dans la longue histoire de lutte des femmes pour leur accès aux droits biologiques (le pain !), aux droits sociaux (la paix !) et aux droits civiques(droit de voter, de travailler, …), une date reste centrale, celle de 1848 à New York, aux Etats-Unis d’Amérique. C’est l’année de la 1ère Convention sur les droits des femmes, à l’initiative d’Elizabeth Caddy Stanton et Lucretia Mott, en réaction à l’interdiction faite aux femmes de prendre la parole dans une rencontre organisée contre l’esclavage. C’est l’année de la revendication des droits civiques, sociaux, politiques et religieux pour les femmes. Cependant, l’histoire retient que la première Journée nationale des femmes a été célébrée dans tous les États-Unis d’Amérique le dimanche 28 février 1909 ; puis, les femmes la célèbreront ensuite chaque dernier dimanche de février jusqu’en 1913.
Pourtant, en matière de droits des femmes, le 1er pays à les avoir accordés demeure la Nouvelle-Zélande et ce, depuis 1893.Cette année-là, les femmes néo-zélandaises sont entrées dans l’histoire comme les 1ères à avoir pu voter, 41 ans après qu’une pétition géante avait collecté 24.000 signatures (soit 25 % des femmes du pays). Par la suite, la vague a continué à déferler dans d’autres coins du monde.
Ainsi, à Copenhague (Danemark), la conférence de l’Internationale socialiste, réunissant 17 pays d’Europe, décidait à l’unanimité, d’instaurer une journée des femmes en hommage au mouvement en faveur de leurs droits, sans toutefois fixer de date. Il va falloir attendre le 19 mars 1911 pour voir cette Journée être célébrée, pour la première fois, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse. Outre le droit de voter et d’exercer une fonction publique, les femmes avaient réclamé le droit au travail, à la formation professionnelle, ainsi que l’arrêt des discriminations sur le lieu de travail.
Signalons, à ce niveau, qu’au cours de ses premières années, la JIF constituait un moyen de protestation contre la 1ère guerre mondiale. Ce fut le cas à La Haye (Pays-Bas) où des femmes venues de douze pays ont participé à cette manifestation, le 15 avril 1915. C’est dans ce cadre qu’il convient de situer le combat des femmes russes, qui avaient organisé, malgré l’interdiction, une grève doublée d’une manifestation monstre à Saint-Pétersbourg, le 23 février 1917, pour exiger « le pain et la paix ! », après le massacre de deux millions de soldats russes au front. Ce qui leur a valu l’abdication de la Russie et la reconnaissance du droit de vote aux femmes.
A partir de la fin de la 2e guerre mondiale jusqu’aujourd’hui, ce mouvement a essentiellement connu une généralisation, en devenant mondial, son officialisation en 1977 par l’ONU et la consécration d’une date. Celle-ci(08 mars du calendrier actuel) correspond au 23 février 1917 évoquée ci-haut. Ce qui fait que, pour beaucoup, la JIF renvoie d’abord à cette date et au combat qu’elle symbolise (lutte pour le PAIN, la PAIX, les DROITS CIVIQUES ; protestation contre les discriminations de sexe).Joom Chrittisten ne disait elle pas, je cite, « Tant que les femmes resteront invisibles au sein de la société, nous aurons une Nation, une Province qui ne voit que d’un œil, qui n’écoute que d’une oreille et qui ne se tient debout que sur une jambe ».
Excellence Madame la Ministre provinciale de la Famille et de l’Enfant,
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• Monsieur le Recteur de l’Université de Kisangani et chers membres du Comité de Gestion,
• Chers invités, à vos rangs respectifs,
• Distinguées Dames, membres du personnel féminin de l’Université de Kisangani,
• Chères Sœurs et chers Frères,
Les guerres, nous les vivons encore aujourd’hui, jusque chez nous en RDC, le manque de pain, les discriminations, également. Quelle posture affiche la femme du 21e siècle, de loin plus outillée que celle du 19e et du 20e siècles, face à ces fléaux ? Voilà pourquoi, à chaque édition, des thèmes
(international, national et local) sont proposés, dans le souci d’actualiser les luttes menées jadis par nos aïeules et nos mères.
A cet effet, je suis persuadée que les conférences débats de tout à l’heure nous permettront de scruter à fond les thèmes retenus pour cette année, afin de penser un vivre ensemble juste entre les sexes.
Chères consœurs, membre du personnel féminin de l’UNIKIS,
S’il est vrai, comme l’a dit Philip Randolph, que «La liberté n’est jamais donnée, elle se gagne », et que « La justice n’est jamais donnée, on l’exige», nous devrions nous remettre en question, nous femmes d’aujourd’hui, individuellement et collectivement, en nous posant ces questions :
– Qu’ajoutons nous, aujourd’hui, pour nous-mêmes et nos filles, aux combats historiques des femmes des siècles passés ?
– Comment réagissons nous face aux défis actuels qui plombent l’épanouissement de la femme et de la jeune fille dans la société du 21e siècle ?
– Que faisons nous pour obtenir notre épanouissement en tant qu’être humain, jeune fille, femme, mère au foyer, travailleur, … ?
Faisons attention à nous-mêmes d’abord, mes chères sœurs, et évitons de nous tromper de cible. Que diriez vous de cette pensée de DOHA NY, qui affirme, citation, « le premier ennemi de la femme est … la femme » ?
Tout en vous souhaitant de passer des moments d’échanges fructueux durant les conférences débats prévus dans le programme, je voudrais finir, comme j’ai commencé, par vous inviter, toutes et chacune, à vous imprégner de l’histoire de la lutte pour l’émancipation de la femme. Ce n’est que de cette manière que nous honorerons ses héroïnes et actualiseront authentiquement leur bravoure et leur triomphe.
A toutes et à chacune, je souhaite une séconde célébration.
Je vous remercie !