L’organisation internationale non gouvernementale IPAS, qui se soucie du bien-être de la femme, a lancé, ce lundi 24 avril 2023, une série de formations des prestataires sur les thématiques liés aux soins complets d’avortements centrés sur la femme, dans la ville de Kisangani, en province de la Tshopo.
Cette série d’activités vise à développer les compétences des participants à dispenser des soins complets d’avortement de qualité centrés sur la femme en conformité avec le cadre légale et réglementaire en République Démocratique du Congo pour la santé de la reproduction et mettre en place un plan de suivi post-atelier pour une formation continue sur site par la pratique sur cliente réelle.
« IPAS est soucié du bien-être de la femme. Et la justice reproductive constitue notre cheval de bataille. C’est dans ce cadre que nous venons de lancer une série d’ateliers qui concernent les prestataires des soins, les pharmaciens, les magistrats, les communautaires. Pour nous, c’est une occasion de créer un environnement qui soit légal, politique tout comme sanitaire qui répond vraiment aux normes pour sécuriser la femme », s’est confié à KIS24, Dr Célestin IYANGO, point focal Est de IPAS.
Dans cette première série de formation qui va durer six jours, soit du lundi 24 au samedi 29 avril 2023, au moins 20 prestataires des soins et des pharmaciens venus de différents centres de santé de la Tshopo participent activement et sont outillés sur les soins d’avortements sécurisés.
« C’est un cadre qui va partir de la compréhension des normes directives, des orientations sur comment on applique ces normes directives, comment est-ce qu’il faut donner des compétences sur les questions d’avortements sécurisés, et tout cela doit se clôturer par une pratique sous le guide des facilitateurs du niveau national qui ont la maîtrise et qui travaillent sur la thématique santé sexuelle et reproductive et l’avortement sécurisé », a expliqué, Dr Célestin IYANGO.
C’est madame le ministre chargée de la santé et du genre, famille et enfants, qui a donné le go officiel de cette formation. Mme Bernadette Furaha, a reconnu que la République Démocratique du Congo affiche des taux de mortalité maternelle, néonatale et infantile parmi les plus élevés au monde.
« En effet, selon les résultats de l’EDS 2013-2014, la mortalité maternelle est estimée à 846 pour 100 000 naissances vivantes. Les avortements non sécurisés représentent la deuxième cause de mortalité maternelle dans le pays. Ces avortements non sécurisés dans des conditions d’hygiène précaires concernent toutes les femmes en âge de procréer, y compris les adolescentes, contribuant aux décès maternels à hauteur de 30 % selon les estimations (MICS 2010) », a-t-elle ajouté.
Au moins 222 millions de femmes souhaitant éviter ou retarder une grossesse n’ont pas accès à la contraception. Chaque année, 25 millions de grossesses non désirées aboutissent à un avortement non sécurisé dans les pays en voie de développement. Les avortements dits ‘’clandestins’’ provoquent des infirmités temporaires ou définitives de 8 millions de femmes, et le décès d’au moins 50 000 femmes. L’Afrique est la région au monde comptant le plus grand nombre de décès liés à l’avortement par an. En 2014, au moins 9 % de la mortalité maternelle en Afrique étaient imputable à l’avortement non sécurisé.
Pour Marie-Thérèse MOKARIA, coordinatrice provinciale du programme national sur la santé sexuelle et reproductive, les avortements non sécurisés constituent donc un réel problème de Santé Publique et d’injustice sociale en République Démocratique du Congo. Et la province de la Tshopo enregistre de nombreux cas. Selon les données disponibles, 30 % des décès maternels sont imputables à des avortements à risque, souvent réalisés dans de très mauvaises conditions (prestataire non qualifié, plateau technique inadéquat, procédures inappropriées et/ou obsolètes).
La réduction des méfaits est une approche de santé publique fondée sur des données probantes pour réduire les effets néfastes sur la santé résultant de comportements humains répandus mais stigmatisés que les politiques et les pratiques interdisent ou conduisent à la clandestinité.
Les interventions de réduction des méfaits qui améliorent la connaissance des progrès scientifiques fondés sur des preuves en matière de santé, comme l’avortement autogéré, réduisent les méfaits et protègent la santé dans les situations où les politiques et les pratiques restreignent et stigmatisent l’avortement.
Notons que la RDC a signé et ratifié le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique (Protocole de Maputo), un traité juridiquement contraignant qui autorise l’avortement en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et là où la poursuite de la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la femme ou la vie de la femme ou du fœtus.
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Nous sommes une organisation non gouvernementale de la société civile dénommée Actions Communautaires pour le Développement de la Femme (ACODEFEM) et qui a son siège social à Kinshasa 🇨🇩. Nous sollicitons Ipas de penser aussi aux autres pays francophones comme la République Démocratique du Congo. Nous sommes sur les domaines de la santé et droits sexuels et reproductifs, sur l’avortement médicamenteux autogéré et l’autonomisation des femmes et des filles
Nous sommes une organisation non gouvernementale de la société civile dénommée Actions Communautaires pour le Développement de la Femme (ACODEFEM)