Il a, sans nul doute, raison. Le célèbre Docteur Denis Mukwege et prix Nobel de la paix en RDC, reconnaît l’importance de l’immense forêt que regorge naturellement son pays. Mais, le gynécologue craint que les partitions ne soient bien jouées dans la conservation. « Ce trésor ne peut bien être conservé et légué aux générations futures que si la justice, l’armée, la police et la sécurité sont garanties, la corruption éradiquée et les conditions de vie des populations dépendant des forêts améliorées », interpelle ce compatriote congolais.
Au milieu du Bassin du Congo, notamment dans la Tshopo, province issue de la grande orientale, plombe une importante diversité floristique imposant une meilleure faune sauvage. « Nous avons des Okapi dans cette forêt », lâche un habitant de Bapondi (Bafwasende). Les forêts qui entourent Bafwasende, plus grand territoire congolais, en sont une illustration d’un trésor inédit. Cependant, il se dénote d’énormes difficultés non seulement liées à la préservation mais aussi au mode de vie des communautés locales confrontées aux menaces anthropiques diversifiées et croissantes.
Ainsi, devant les besoins urgents liés aux conditions sociales des populations, des initiatives visant une gouvernance durable et inclusive des forêts passant par l’agriculture résiliente et durable sont mises en place, depuis plus de deux ans déjà. C’est à l’occurrence, l’ONG environnementale Tropenbos RDC. De retour de Bafwasende, le reporter de Kis24.info vous ramène dans le quotidien des communautés locales, sous l’encadrement de Tropenbos RDC qui a emboîté le pas, tout doucement, vers un avenir « amélioré » des habitants non seulement de Bafwasende mais aussi ceux de la Tshopo, en général.
Foresterie communautaire, levier pour la gestion durable des forêts
À dire vrai, le constat est épatant. S’il faut l’avouer, dans plus ou moins 5 ans, le territoire de Bafwasende pourrait produire des milliers de tonnes de cacao et d’huiles de palme. Tenez, outre les cultures pérennes prônées aux paysans par Tropenbos RDC, les cultures vivrières prennent un élan substantiel dans le chef des communautés. Plus de 500 hectares répartis à des différentes communautés sont en cours d’exploitation, pour ce faire. Des bandes des terres réservées aux pépinières pour multiples semences de cacao et de palmeraies sont perceptibles dans les sites communautaires.
« Pour que les populations aient l’intérêt de garder les forêts, elles doivent donc trouver d’autres alternatives. C’est pour celà qu’on fait des activités génératrices des revenus. On appui principalement l’agroforesterie. Donc, on appui les gens avec les cultures pérennes, on les met dans les enchères pour les revaloriser. Ça évite que les gens puissent continuer à ronger dans la forêt primaire qui nous préserve et les autres forêts secondaires sont en train de se régénérer de manière naturelle », a confié le Professeur Alphonse Maindo, directeur de Tropenbos RDC.
Tropenbos RDC appui aussi la population dans l’artisanat. Les peuples fabriquent, à travers les produits forestiers, des meubles, des chaises qui leurs permettent de gagner l’argent. En gros, le projet, largement financé par le royaume des Pays-Bas, vise à faire jouir durablement les communautés de leurs forêts tout en préservant ces dernières. Il s’agit donc d’une mise en place des concessions forestières communautaires locales (CFCL) pour la gestion durable des forêts et l’amélioration des moyens d’existence des communautés.
Impliquer les autochtones, pygmées
Citoyens primaires, les peuples pygmées ne sont mis à l’écart. Maîtres des forêts, leurs différentes contributions à la gestion durable des forêts sont mises aussi à priori. Le professeur Maindo reconnaît les spécificités que ces autochtones peuvent apporter dans le cadre dudit projet. « Nous n’avons rien ici. On nous demande de quitter la forêt, comment allons-nous vivre ici dans un camp », avait lâché une maman pygmée, 40 ans révolus.
Tropenbos pense à des alternatives spécifiques pour elles (autochtones). « Nous sommes entrain de penser les appuyer à des activités vraiment forestières dans ce qu’elles ont l’habitude de faire pour les durabiliser. Par exemple, à ce qui concerne la collecte de miels, ou les plantes médicinales (la pharmacopée) que nous utilisons dans certaines thérapies », a indiqué le Directeur de Tropenbos RDC.
Alphonse Maindo se réjouit du bénéfice de ce type d’intervention. « Quand je viens voir les communautés locales, je suis heureux d’entendre que certaines d’entre elles sont entrain de saluer le fait que les gibiers qui se rarifiaient dans leurs villages commencent à revenir tout près. Ça, c’est déjà une bonne chose (…) », a-t-il fait savoir.
Bafwasende veut toujours de l’accompagnement
Jeudi 10 février 2022, devant une délégation de l’ambassade des Pays-Bas en RDC, composée de Mme Evelyne Boersma, cheffe de mission adjointe, de Félix Hoogvelod, chef climat aux affaires étrangères et de Mr Léon Mulimbi, venue à son bureau, l’administrateur du territoire de Bafwasende, Mr Bireke Kafura, a, de vive voix, salué les activités menées par Tropenbos RDC sous l’appui du royaume des Pays-Bas, dans le cadre des cultures vivrières (maïs, riz etc), qui, a-t-il indiqué, servent à donner directement de la nourriture à la population locale.
Cependant, dans le cadre des cultures pérennes, a-t-il souligné, « la population est dans la première phase. Elle attend donc un accompagnement pour la deuxième phase qui va commencer et un accompagnement soutenu jusqu’à la dernière phase afin d’améliorer effectivement les conditions de vies », a-t-il plaidé.
Ces mêmes prouesses marquées sous l’actif de Tropenbos RDC rencontrent et trouvent les applaudissements du chef de secteur Bekeni-kondolole, à 147 Km, de Bafwasende centre. Pour Victor Kitabu, cette ONG environnementale a apporté, via son projet CFCL, des innovations susceptibles de changer les conditions des vies. « Tropenbos RDC est venue nous former et nous sensibiliser à la culture pérenne pour garantir notre vie future et celle des prochaines générations. Je suis confiant que ma vie sera garantie avec ce mode de gestion de nos forêts. Toute ma communauté, si vous circulez, a des pépinières et va faire la culture pérenne », a-t-il avoué, attestant avoir à lui, seul, au moins 10 hectares pour la plantation des cacaoyer.
Dans la foulée, et en vue d’assurer une gestion durable des forêts pour les équilibres climatiques, Tropenbos RDC accompagne les communautés autochtones dans l’obtention des titres forestiers pour notamment leur autonomie. Trois communautés locales dont Barumbu Tshopo, Bambaka de Bapondi et Bambaka de Bafwamogo ont déjà reçu des titres pour leurs concessions forestières. La lutte continue pour d’autres communautés ayant soumis les demandes auprès de Tropenbos RDC.
Cette ONG bénéficie d’un appui technique et financier des Pays-Bas, notamment pour deux grands programmes quinquennaux en ce moment, le Working Landscapes (mis en œuvre à Bafwasende) et le Green Livelihoods Alliance (Bas-Uele, Mongala et Tshopo).
Un commentaire
Je salue cette initiative, la forêt reste une bénédiction venue de Dieu pour chaque population autochtone,