Il y a 28 ans, mourrait un baobab politique dans le rang de la communauté de l’Est, majeure partie du Kivu, largement occupée par le peuple Yira plus spécialement dans le grand nord (Beni et Lubero). Le début d’année 93 était spectaculaire sous le régime dictatorial de Mobutu. Son ministre de sport et la jeunesse fut assommé dans un spectacle de rue, joué en longueur du jour par les soldats du MPR.
Nyamwisi Muvingi Enock, acteur féerique de la scène, c’est lui qui fut victime, mourant sous un mental d’acier, parole dans la bouche entrain de gronder haut et fort les gendarmes qui s’adonnaient depuis plus de 24 heures aux actes illégaux dans le centre de Butembo, une ville (à l’époque une Cité) commerciale à l’Est de la République démocratique du Congo, au cœur d’un grenier économique international en raison de ses premiers contacts directs avec la Chine et plusieurs autres pays, à l’époque, en ascension économique.
Sa constance dans la défense des intérêts du souverain primaire lui coûtant des surnoms « Mr le débat, Martyr de la démocratie,.. » il créa son parti DCFN (Démocratie Chrétienne Fédéraliste/Nyamwisi) pour mener un combat de la démocratie et du fédéralisme dans le grand Zaïre.
Mais toute cette mémoire est aujourd’hui piétinée par plusieurs enfants de sa région qui se veulent des positionnements politiques.
« Sa mémoire est aujourd’hui vandalisée » dénonce ses proches, basés à Kisangani.
Dans une déclaration faite in mémoriam de sa mort, le 05 Janvier 2021, la représentation de sa famille biologique et politique dans la Tshopo a dénoncé le fait que « la jeunesse soit gangrenée par la culture de l’oublie rapide. »
Néanmoins, ajoute-t-elle, les hommes de la trampe d’Emery Patrice Lumumba, Enock Muvingi Nyamwisi, Mamadou Ndala devraient toutefois être à jamais gravés dans les mémoires.
Dans la foulée, ils déplorent l’état actuel du monument érigé en plein centre ville de Beni mais qui demeure sans tête ni bras, cela depuis quelques années détruit par « les gens de mauvaise foi et mal intentionnés. »
Et en perspective, la représentation familiale de Muvingi à Kisangani recommande l’élévation de ce grand homme au rang de « Martyr de la démocratie, » toutes les conditions étant réunies.
Qui est Enock Muvingi Nyamwisi ?
Né à Mwenda en 1948. Il fait ses études en sciences sociales et sciences politiques à l’Université de Lubumbashi (UNILU) avant d’être assassiné à l’âge de 45 ans, le 05 Janvier 1993 en ville de Butembo vers 17 heures, précise-t-on.
Enock a plusieurs fois assumé le poste de plusieurs ministères sous le Maréchal Mobutu et a été un haut cadre du mouvement populaire de la révolution (MPR) voir conseiller de Mobutu.
Il est pour la communauté Yira qui lui garde une heureuse mémoire, « l’inoubliable. »
Circonstances de sa mort
Parlant des circonstances de la mort de cette icône politique, c’est toute sa communauté qui crie aux scandales.
C’était l’après-midi de la journée du 05 Janvier 1993 que sévissait un pillage à grande échelle à Butembo. Les forces armées zaïroises (FAZ) pillaient à triste sort la paisible population, abandonnée à la merci de tous, sous « la bénédiction de Kinshasa, » dénonce-t-on.
Le feu Enock Nyamwisi ne pouvait jamais garder sa langue dans la poche quand les mensonges prenaient place de la vérité et quand les droits de petits poissons étaient foulés au pieds par les uns et les autres peu importe leur pouvoir.
Muvingi privilégiait la défense du peuple qu’il aimait d’ailleurs beaucoup à sa survie personnelle. Tous ceux qui l’avaient connu disent que l’illustre disparu ne pouvait pas se passer de la situation de Butembo.
C’est ainsi que malgré l’imminence de son assassinat, il prit son courage en main pour aller dire à ses bourreaux d’arrêter le pillage de biens du peuple. Et même la menace de morts ne l’avait pas empêché de parler, de dire tout ou rien que la vérité.
Des proches qui ont vécu son époque racontent qu’en arrivant au Rond-point Auberge sur la route nationale nº4, Mr le débat se trouva devant les FAZ pillards. Il sortit de sa jeep pour interpeller ces derniers qui eux ne lui répondirent malheureusement que par de coups de balles, après quoi les pillages furent arrêter comme si son « Martyr » fut le rançon à payer pour mettre fin à un pillage de biens de la population.
Aujourd’hui, pour avoir pris toute sa vie, le courage de parler pour le peuple sous un régime « dictatorial » et « sanguinaire », la mémoire de ce géant Congolais Enock Nyamwisi est commémoré comme « Martyr de la démocratie. »
Serge SINDANI