La circulation routière à Kisangani, chef-lieu de la Province de la Tshopo, est généralement fluide. Le phénomène « embouteillage » n’existe presque pas. Cependant, il existe plusieurs facteurs, non négligeables, qui inquiètent et exposent aux accidents. De l’état des routes au comportement des conducteurs et policiers de la circulation routière y compris la passivité des autorités et services attitrés, voici ce à quoi ressemble la vie dans les rues de Kisangani Boyoma. [ Reportage ]
Kisangani, ville des petites rues


Les routes de Kisangani sont majoritairement petites. Elles mesurent moyennement 8 mètres de largeur, garnis de 2 trottoirs larges d’environ 1 mètre de part et d’autre. Environ 6 mètres de largeur seulement servent de circulation des engins allant dans tous les sens. Les quelques rues asphaltées sont rongées par les sables et les caniveaux sont utilisés comme des poubelles par la population. Dans certains endroits, l’odeur des caniveaux est suffocante et les déchets polluent l’environnement.
La mairie fait de son mieux pour balayer quelques artères principales de la ville, notamment le boulevard du 30 juin. Cependant, le balayage manuel s’avère déjà dépassé à l’ère actuelle pour une ville comme Kisangani. Plusieurs signaux marqués sur le goudron sont déjà effacés. Certains sont plutôt couverts par la couche de sable. Pour tout dire, les rues de Kisangani sont à reconstruire, à réhabiliter et à entretenir.
Clignoter ne suffit plus, il faut utiliser la main
La réalité a l’air triste. Pour changer de direction, les clignotants ne suffisent plus. Les conducteurs doivent utiliser leurs mains pour indiquer la nouvelle direction.
« Je le fais malgré moi. Je me suis déjà retrouvé mainte fois à terre, renversé par celui qui venait après moi. Il n’a pas vu mon clignotant », a avoué un taximan moto avant de poursuivre :
« Avec les conducteurs distraits et dépassés par les évènements, les clignotants ne suffisent plus. Il faut utiliser la main. Je prends le risque de lâcher le guidon pendant un instant pour indiquer ma nouvelle direction ».
Ce qui paraît ridicule, même les conducteurs des véhicules le font.
« Je signale mes directions par la main pour plusieurs raisons : peut-être mes clignotants ne s’allument plus, tantôt ils sont couverts de la boue ou parce que je sais que les gens voient clairement la main plutôt que les clignotants », a expliqué Bob, conducteur d’un camion Fuso.
Le téléphone au volant, un véritable catalyseur
Plusieurs conducteurs des véhicules prennent le luxe de manipuler leurs smartphones pendant qu’ils sont au volant. Certains freinent bonnement, en pleine circulation, juste pour vérifier les messages. Et sans gêne, ils accélèrent aussitôt la vérification.
« Je sais bien tout ce qui peut arriver à un conducteur qui utilise le téléphone au volant mais je le fais quand même », a dit un conducteur.
Le téléphone, la musique avec un volume élevé et l’ambiance de conversation avec les personnes à bord rendent généralement les conducteurs distraits et occasionnent des accidents de circulation. Le tronçon rond-point ANR et le Bâtiment administratif de l’université de Kisangani a déjà enregistré plusieurs cas d’accidents dus à la distraction du conducteur.
Le mauvais stationnement normalisé

Les rues de Kisangani, en plus d’être petites, n’ont pas de zone réservée aux stationnements des véhicules. Les bâtiments administratifs des institutions et services, les restaurants, hôtels, terrasses, églises, banques, etc. n’ont pas de parking.
« Nous stationnons nos véhicules dans la rue parce que le siège de notre institution n’a pas de parking », a dit un fonctionnaire d’un service public de l’état.
Les petites rues sont rognées par les véhicules stationnés de part et d’autre. Les dévier de toute justesse n’est pas donné à tout le monde. Nombreux y font des accidents.
Le mystère de l’espace 3000

Il y a environ 1 an, la ville de Kisangani a été dotée d’un robot roulage. Ce dispositif de régulation de la circulation routière a été posé au rond-point « Espace 3000 », un des points chauds de la ville. Appelé affectueusement « Ya Mado », ce robot roulage est réglé à 60 secondes. Cependant, plusieurs conducteurs ont du mal à patienter pendant 60 secondes avant que le robot roulage ouvre la circulation. D’autres passent, sans hésitation, pendant que le feu de signalisation est rouge.
« Parfois, j’ai tout simplement du mal à me faire griller par le soleil en attendant que le robot n’ouvre la circulation », a témoigné un motard.
Moi, je fuis plutôt les PCR », en a confirmé un autre.
Le scandale, c’est le manœuvre que les policiers de la circulation routière opèrent à cet endroit pour attraper ceux qui n’ont pas de documents, juste après que le robot ait ouvert la circulation.
« Je ne sais comment le dire mais c’est vraiment ridicule. Le PCR m’a pêché comme un poisson dans l’eau. Lorsque le robot roulage ouvrait la circulation, un des PCR s’avançait vers lui. Pendant que je cherchais à le dévier, il a piqué ma clé de contact en créant ainsi un déséquilibre spontané juste pour m’arrêter », a expliqué un Juriste pris dans la maille de filet du PCR.
Il existe encore plusieurs facteurs qui affectent la circulation routière à Kisangani, notamment le prolongement des étalages de vente vers la rue. Ces étalages prennent en otage les trottoirs réservés aux piétons. Ces derniers sont contraints de les dévier en passant dans la zone de circulation réservée aux engins roulants au risque d’être heurtés.
In fine, les rues de Kisangani sont de véritables chantiers. Plusieurs tronçons sont en pleine construction et les travaux des uns sont arrêtés sans suite depuis des mois et ceux des autres se poursuivent encore. Pour changer la tendance, les autorités et services attitrés doivent agir plutôt que normaliser l’anormalité.
Un commentaire
Un bel article qui doit interpeller tout le monde : conducteurs d’engins, piétons, PCR …