« La revanche du sol sur le sous-sol », l’une des phrases symboles du Président Félix Tshisekedi, manque toujours de place dans les maisons congolaises. Beaucoup vivent avec peu ou pas d’accès à la nourriture, pourtant citoyens d’un pays aussi riche en terres arables. Ce qui fait croire que la lutte contre la faim demeure l’un des défis les plus importants pour la RDC.
La famine menace près d’un quart de la population congolaise ; 23,4 millions de personnes, à en croire le Programme Alimentaire Mondial. Ce vendredi 14 juin, c’est la journée mondiale contre la faim. Les Professeurs Osombause Sango Joël, zootechnicien, et Michel Lokonda, pédologue, tous de l’IFA Yangambi, ont noté quelques faiblesses dans la lutte contre la faim en RDC.
Planification et gestion vues par le Professeur Michel Lokonda
Dans ses propos, le Professeur Michel Lokonda a évoqué la « valorisation des richesses » qui manque à la RDC. Cependant celle-ci est précédée par « la gestion et la planification ». Les deux sont l’apanage des politiques.
« Si la politique est mal ficelée ou le politique n’intervient pas de façon efficace, il n’y a aucun secteur de la vie nationale qui va se développer » a-t-il dit.
Son point de vue relève aussi des points forts. La RDC, riche en sol, compte un nombre impressionnant d’agronomes et des spécialistes en sciences des sols. Plongé dans la problématique, le Professeur Lokonda s’est poyse la question : « Pourquoi nous ne parvenons pas à assurer la sécurité alimentaire ? ». En guise de réponse : « Il n’y a pas un accompagnement du politique dans le secteur agricole ».
Pour prouver ses mots, il a désigné le budget alloué pour l’agriculture comme illustration. « Il est tellement difficile de convertir les ressources naturelles en ressources consommables ; les ressources naturelles en aliment », a-t-il insisté. Ce budget maigre chaque année affecte négativement la production agricole et ses répercussions toucheront les générations futures.
La trilogie du Professeur Osombause Sango
« Les produits de la recherche, les routes de desserte agricole et le marché », c’est la formule de ce Professeur pour résoudre le problème de la faim qui est multidimensionnel en RDC. Dans ses explications, ces trois éléments semblent indissociables, cependant ils obéissent à une courroie de transmission.
« Les résultats de la recherche sont là, lettre morte dans des bibliothèques », a-t-il dit, tout en rappelant le problème de la disponibilité des terres. « Il existe des terres mais le gouvernement congolais doit faire un effort pour rendre les terres accessibles », a-t-il laissé entendre. À cette demande, il a joint celle des semences de qualité.
« Une fois que le producteur a des semences de qualité, il va mettre en pratique les techniques agricoles pour produire en respectant l’environnement et ses produits doivent être acheminés au niveau du marché, là où le consommateur va trouver ce qu’il pourra acheter pour satisfaire son assiette », a dit le Professeur Osombause.
La collaboration du ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire
L’investiture effective du Gouvernement Suminwa a eu lieu le jeudi 13 juin 2024. Grégoire Mutshail Mutomb Kangaj est le nouveau Ministre d’État, Ministre de l’agriculture et de la sécurité alimentaire.
« Nous ne sommes pas venus assurer la vulgarisation agricole avec la théorie mais cette fois-ci pratiquer et récolter. Nous sommes là pour faciliter la production agricole », a dit ce nouveau ministre lors de sa prise de pouvoir.
Une bonne raison pour le Professeur Osombause Sango, qui est aussi Secrétaire Général à la Recherche de l’IFA Yangambi, d’appeler le nouveau ministre à se rapprocher des chercheurs scientifiques. « Il doit mettre un pont entre les institutions de recherche et le ministère pour recueillir les résultats des recherches afin de les vulgariser auprès des producteurs », a-t-il déclaré.
L’IFA Yangambi, l’INERA Yangambi, l’ISEA Bengamisa, l’Université de Kisangani ou même l’ISP KISANGANI, organisent des filières spécialisées en agronomie et élevage. « Nous avons la matière grise, nous avons les expertises techniques, nous avons les conseils qui pourront aider le Ministre à bien asseoir l’agriculture dans notre pays », a-t-il dit.