Une conférence-débat sur le thème « Face à l’agression rwandaise, réveillons le patriotisme qui s’endort en nous», s’est tenue vendredi à l’amphithéâtre de l’Université de Kisangani (UNIKIS) par l’Assemblée provinciale de la Tshopo.
L’événement a rassemblé étudiants, professeurs et autorités politico-sécuritaires et administratives autour d’interventions d’orateurs de renom, mettant en lumière divers aspects du patriotisme et de la défense nationale dans un contexte de crise sécuritaire.
Prenant la parole, Mateus Kanga Londimo, président de l’Assemblée provinciale de la Tshopo, a insisté sur le rôle des citoyens et des institutions locales dans la préservation de la souveraineté nationale.

« L’intégrité de notre territoire n’est pas seulement l’affaire des militaires ou du gouvernement central. Chaque Congolais a un rôle à jouer, et nos institutions provinciales doivent également s’impliquer activement dans cette lutte », a-t-il déclaré.
Il a également rappelé les mobilisations étudiantes des années précédentes contre les agressions étrangères et a appelé la jeunesse à se lever à nouveau.
« En 2009 et 2010, lorsque Goma et Bukavu sont tombées, les étudiants congolais avaient donné un ton fort. Ils avaient marché, protesté et dit non à l’agression rwandaise. Aujourd’hui, nous devons retrouver cette même détermination ! »
De son côté, Michel Okandokando, représentant des étudiants du Congo, a alerté sur les dangers de la manipulation et de la désinformation en période de guerre.
« Aujourd’hui, la guerre ne se joue pas seulement sur le terrain militaire. Elle se joue aussi sur internet et dans nos esprits. Si nous ne faisons pas attention, nous risquons de tomber dans le piège des fausses informations et de la manipulation », a-t-il averti.
Il a invité ses camarades à s’informer de manière responsable et à ne pas se laisser instrumentaliser.

Dans le même élan, le professeur Grison Kakumbi a souligné la nécessité d’un changement de mentalité face aux conflits que traverse le pays.
« Le patriotisme ne doit pas être un simple slogan. Il doit se traduire en actions concrètes, en une prise de conscience collective qui dépasse nos différences ethniques ou politiques », a-t-il affirmé.
Quant au général-major Timothée Mujinga, commandant de la 31ᵉ région militaire, il a mis en avant l’importance des sciences et des technologies dans la conduite des opérations militaires.
« La guerre moderne ne se gagne plus uniquement avec des armes classiques. Nous avons besoin d’experts, de statisticiens, d’ingénieurs pour analyser les données, piloter les drones et optimiser nos stratégies de combat », a-t-il expliqué.
La conférence s’est poursuivie par une session de questions-réponses, avant d’être clôturée par l’intervention du gouverneur de la province, Paulin Lendogolia Lebabonga, qui, dans son allocution, a mis l’accent sur la nécessité d’un recrutement militaire plus qualitatif.

« Nous avons aujourd’hui des équipements modernes : des drones, des hélicoptères… Mais nous n’avons pas suffisamment de personnes qualifiées pour les utiliser. C’est pour cela que nous sommes parfois obligés de faire appel à des mercenaires, avec tous les risques que cela comporte », a-t-il regretté.
Il a également salué les efforts du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, pour mettre un terme à la guerre, tout en expliquant la position du gouvernement sur les négociations avec les rebelles du M23.
« Le chef de l’État a été clair : il n’y aura pas de dialogue avec les rebelles du M23. Nous ne négocions pas avec ceux qui mettent en péril notre souveraineté », a-t-il martelé.
Cette conférence a permis de renforcer la mobilisation patriotique des étudiants et de sensibiliser la jeunesse sur son rôle dans la défense de l’intégrité territoriale du pays.