Comme on peut le constater : six ans après son accession au Pouvoir en 2019, Félix Tshisekedi est plus actif dans l’inauguration des infrastructures laissées en projets déjà financés ou laissées en construction par Joseph Kabila que dans les siennes qui peinent à décoller.
En séjour à Kisangani du 23 au 26 octobre 2024, Félix Tshisekedi a procédé le dernier jour à l’inauguration de l’aéroport international de Bangboka !
Si la communication d’État s’est abstenue de le faire, RFI l’a relevé dans ses journaux de dimanche : les travaux de réhabilitation et de modernisation de cette plateforme aéroportuaire avaient démarré en 2017, sous le mandat de Joseph Kabila.
Car le financement avait été obtenu de la BAD aussi bien pour l’aéroport de Bangboka à Kisangani que pour les aéroports internationaux de Luano à Lubumbashi et de Goma.
Et puisqu’il est question de réhabilitation suivie de la modernisation, c’est que cet aéroport avait été construit avant Joseph Kabila en 1975, c’est l’oeuvre du maréchal Mobutu.
Où voulons-nous en venir avec ce rappel ?
Nous voulons juste rappeler qu’à plus de 80%, les ouvrages inaugurés ou qui seront inaugurés par Félix Tshisekedi, même s’il en a posé la première pierre, ont vu chacun son financement bouclé sous le mandat de son prédécesseur Joseph kabila kabange
C’est le cas de l’ aéroport international de Kolwezi. Une certaine Fifi Masuka, alors Vice-gouverneur, PPRD avec comme titulaire Richard Muwej, en attribue dans une video l’initiative à Joseph Kabila ! Là, c’est au Lualaba.
Au même Lualaba, il y a lieu de signaler que les travaux de construction du barrage de Busanga inauguré par Félix Tshisekedi en 2023 remontent à 2015, à l’époque de Joseph Kabila.
Dans la production électrique, on sait que la station de reconversion électrique de Mbudi inaugurée par Félix Tshisekedi en 2023 est un projet financé sous Joseph Kabila puisque lié au barrage de Zongo II inauguré par ce dernier en 2018.
S’agissant des stations de production d’eau de Binza-Ozone et de Lemba Imbu, il est de notoriété publique que leurs financements avaient été négociés sous Joseph Kabila. La preuve est que Félix Tshisekedi en avait posé les premières pierres avant même que le Gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba ait pris ses marques en septembre 2019.
Il en est de même du Musée National de Kinshasa et du Centre culturel africain situés tous les deux sur le Bld Triomphal. Le financement de ces deux ouvrages avait était bouclé sous Joseph Kabila.
Sait-on, par exemple, que le projet du port en eaux profondes de Banana, initié au départ avec un consortium qatari (DP World) sous Joseph Kabila, a failli ne pas être exécuté simplement parce que Félix Tshisekedi avait trouvé un autre partenaire saoudien ? Ayant échoué avec ce dernier, il est revenu à l’ancien partenaire qui sait à quoi s’en tenir avec le régime actuel.
D’ailleurs, cette façon d’opérer a fait manquer à la RDC deux autres projets importants : le barrage d’Inga III et l’ aéroport international de Ndjili.
Pour le barrage d’Inga, un partenariat avait été mis en place, comprenant China Inga III de la Chine et Pro Inga d’Espagne, notamment China Three Gorges Corporation (gestionnaire du gigantesque barrage des Trois-Gorges en Chine) et State Grid Corporation et AEE Power Holdings Sarl d’Espagne.
Les investisseurs de substitution leur ont été trouvés en 2020, et depuis rien n’est fait.
Il en est de même pour l’ aéroport international de Ndjili. Un consortium chinois avait été sélectionné pour la construction d’une nouvelle plateforme aéroportuaire.
Il a été écarté au profit du fameux Milvest (Centre financier de Kinshasa). Depuis, le projet est enterré.
Terminons par le fameux contrat sino-congolais. Au départ, l’IGF avait agi comme si elle avait eu pour consigne de liquider Sicomines. Aujourd’hui, force est de constater que ce contrat a été renégocié pour un montant de 7 milliards de dollars américains sur 21 ans, à raison de 350 millions presque l’an.
Non seulement que l’IGF s’est chargée de la répartition des jetons de présence versés par la même Sicomines, mais en plus c’est sur la même entreprise que s’appuie Félix Tshisekedi pour la construction en cours des rocades de Kinshasa et des routes nationales.
On ne peut que se demander où Félix Tshisekedi aurait trouvé le financement si le contrat sino-congolais n’avait pas été conclu sous Joseph Kabila.
On notera que lorsqu’il est question des projets hérités de son prédécesseur et dont il s’attribue le mérite, il ne fait nullement allusion à Joseph Kabila
Mais, lorsqu’il s’agit de la situation sécuritaire à l’Est, il lui en attribue carrément la responsabilité, même quand – c’est le cas pour le M23 – il est personnellement à la base de l’échec du deal qu’il a passé avec cette organisation pourtant matée sous son prédécesseur.
Comme on peut le constater : six ans après son accession au Pouvoir en 2019, Félix Tshisekedi est plus actif dans l’inauguration des infrastructures laissées en projets déjà financés ou laissées en construction par Joseph Kabila que dans les siennes qui peinent à décoller.
D’ailleurs, la plupart des rares artères construites sous son mandat à Kinshasa sont en dégradation précoce ; les travaux ayant été effectués dans la précipitation puisque confiés à des entreprises de pacotille.
C’est peut-être pour les reconstruire qu’il veut changer de Constitution.
Ce qui est vrai, c’est que son successeur pourrait ne pas connaître, lui, la beauté de la continuité de l’État…
Kinshasa, le 28 octobre 2024.
Tribune D’ARISTOTE NGARIME chercheur en sciences politiques et Relations Internationales